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Biographie : Du Capitole à la Roche tarpéienne (Thermidor an II) .

mercredi 25 février 2015

Biographie : Du Capitole à la Roche tarpéienne (Thermidor an II) .




Le trimestre qui sépare la lutte des factions de la chute de Robespierre est encore parfois appelé : « la dictature de Robespierre ».

Pour tordre définitivement le cou à cette légende , écoutons l’historien Louis Trénard :

-*« Il se défendit jusqu’à son dernier souffle d’avoir été dictateur. Était-ce à juste titre ? Assurément aucune magistrature comportant les pleins pouvoirs ne lui fut attribuée, jamais d’ailleurs il ne le demanda. Robespierre était membre d’un comité puissant, mais il n’y était soutenu que par Couthon et Saint-Just, les autres membres n’approuvaient pas sa politique. De plus, le comité dépendait de la Convention et, là non plus, Robespierre n’était pas sûr de rallier la majorité. D’autre part, le Comité de sûreté générale, sauf deux de ses membres, ne soutenait pas Robespierre. En revanche, il n’est pas douteux que Robespierre disposait d’un immense prestige et d’une vaste audience auprès des démocrates, des Jacobins, des sans-culottes de Paris et de province, grâce à quoi il pouvait souvent imposer ses vues. »

Les factions abattues, deux décrets, les décrets de ventôse, avaient décidé le séquestre des biens des suspects au profit des patriotes indigents, mesure dont l’audace fut tempérée par sa très faible application. Dans le précieux carnet qu’il portait le 9 thermidor, on lit bien que les ’bourgeois’ étaient les ennemis, mais il n’était pas question d’un transfert de propriété. Robespierre décevait alors Babeuf.

La Grande Terreur ne fut pas l’œuvre du seul Robespierre, bien que les tentatives d’assassinat qu’il essuya l’aient précipitée. Grâce aux revers subis par les ennemis du dehors puis du dedans, Robespierre crut pouvoir entamer l’œuvre d’édification de la société qu’il croyait la seule conforme aux principes, donc légitime et définitive. Il annonçait la liberté, le bien-être, l’essor du commerce et des arts, la disparition de la richesse excessive et de la corruption, en somme le bonheur général. Le moyen était la vertu, favorisée par des institutions neuves et efficaces. Cet épanouissement des âmes s’accomplirait sous les auspices de l’Être suprême, garant de l’harmonie. Lorsque Robespierre pontifia au cours de la fête fameuse du 8 juin, le processus était engagé qui devait conduire à la république démocratique et vertueuse des petits propriétaires, libres, égaux en droit et en considération, tous dévoués au bien commun.

Les possibilités et les risques ne lui apparurent pas nettement. Mal informé, obstiné, malgré les instances d’amis et de correspondants, fatigué aussi par un surmenage prolongé provoquant des dépressions, il ne vit pas grandir l’inquiétude de ceux qui, traversant ses desseins, se sentaient menacés. Il ne comprit pas non plus que les victoires militaires rendaient la Terreur moins acceptable. Il voulut épurer le Comité de salut public de ses ennemis en s’appuyant sur la Convention, les clubs et les comités révolutionnaires. Il cessa de participer aux séances du comité, laissant le champ libre à ceux qu’il avait humiliés et menacés. Il perdit du temps. Lorsqu’il intervint à la Convention le 26 juillet, il ne fut pas suivi. Mis hors la loi, il refusa de patronner l’insurrection populaire, peut-être même tenta-t-il de se suicider. Le 28 juillet 1794 (10 thermidor, an II), il fut guillotiné.

Cette fin souligne la complexité de l’homme, le manque de contacts avec ce peuple qu’il aimait plus qu’il ne le fréquentait, ses hésitations et ses scrupules dans l’action, qui contrastaient avec sa résolution pour défendre les principes dans la législation et la justice révolutionnaires. Sa foi, sa sincérité, son incorruptibilité ne suffisaient pas à l’œuvre exaltante qu’il avait entamée cinq ans plus tôt.