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De l’Être Infini à l’Être Suprême, la religion dans la République jacobine"

Fadi Kassem sera à l’Office Culturel d’Arras et en visio-conférence, le 1er mars 20223

lundi 10 avril 2023

Introduction à la conférence de FADI KASSEM Par le Président de l’ARBR le 1er mars 2023

En septembre dernier, répondant aux décisions du rapport d’orientation de notre assemblée générale nous décidions de consacrer un numéro de l’Incorruptible à la question qui fait toujours débat aujourd’hui des relations entre la Révolution Française et la religion et plus particulièrement au moment de la déclaration de la première république et la Constitution de l’an II .
A quoi bon me direz-vous revenir sur cette question. La République, depuis 1905 a réglé le problème – sauf en Alsace Lorraine et à Mayotte – et que les esprits sont présentement apaisés et occupés par bien d’autres questions.
Mais il nous faut reconnaître, face au succès que notre numéro 120 et du nombre de visites de notre site à propos de nos « prémisses de la laïcité » que les problèmes auxquels se sont heurtés nos révolutionnaires avec la religion, les croyances et l’église (essentiellement catholique en 1789) continue d’intriguer nos lecteurs et plus largement celles et ceux qui ont a cœur la Révolution française et les positions de Robespierre à ce sujet.
Vous avez pu le constater. Pour le 230 ième anniversaire de 1793, nous avons retenu un cycle de conférences ambitieux dont le thème central interroge, sous des angles divers, les questions sociales et sociétales et la manière dont nos révolutionnaires ont cherché à y répondre.
Ce fut d’abord Bernard Sénéca, qui, en horloger- académicien, a traité de cette première mesure de la toute jeune république affichant symboliquement sa naissance et celle de « temps nouveaux » en ce 22 septembre 1792 et des difficultés à faire exister, un an plus tard, un calendrier « républicain » qui bouleversait les traditions et les us paysannes. Il nous fit découvrir par le même temps l’intense travail scientifique qui continuera de se faire pendant toutes ces années en dépit du contexte et de la guerre.
Serge Bianchi, prenant la suite, vint parler de Marat, personnage contesté aujourd’hui, mais qui fut le très populaire « l’Ami du Peuple » et, au travers de son parcours parisien comment ce médecin et scientifique renommé participa à la vocation sociale et démocratique de l’an II .
Comment approcher l’entrée du Peuple en République ? Nous ne pouvions éviter d’interroger la question scolaire à laquelle la Législative et surtout la Convention Nationale consacra autant de débats .
Il nous faut remercier Côme Simien d’être venu à Arras nous parler de la publication de son livre « Le maître d’école du village au temps des Lumières et de la Révolution. Yannick Bosc en janvier 2022 avait évoqué déjà le rôle des communautés villageoises des assemblées populaires et de l’administration nouvelle dans l’exercice de la souveraineté populaire et de la démocratie. Côme nous a permis de l’aborder sou l’angle du besoin d’instruction perçu par les communautés villageoises comme une nécessité de la liberté et de l’émancipation.
Il fallait bien que le président de la SER, Hervé Leuwers, nous informe des apports récents de la recherche historique concernant les écrits de Robespierre achetés par la BNF en 2012. « Quoi de neuf chez Robespierre ? » nous proposait-t-il. Excellent motif pour notre ami professeur à l’université de Lille, de revenir, avec beaucoup d’a propos, sur les qualités de l’avocat arrageois et aussi nous offrir une relecture, nécessaire aujourd’hui, des discours de Robespierre contre la guerre. Notre ami nous a fourni un bel exemple méthodique de recherche, de quoi allécher notre curiosité historique.
Ce soir, Fadi Kassem, professeur agrégé d’histoire en Lycée revient pour la troisième fois à Arras . Nous lui avons demandé d’interroger ou de réinterroger ce qui forge le ciment spirituel de la République, une et indivisible de l’an II, que Robespierre et les Jacobins s’efforcèrent de mettre en place jusqu’au coup d’État de Thermidor.
L’Être Suprême ! C’est sous ses auspices que furent déclarés les droits de l’Homme en 1789. Pouvait-il en être autrement ? Pas sous ceux du Roi ; c’est évident, pas sous ceux de la Bible, le texte par son article 11 ne l’autorisait pas. Les auspices de cet « Être Suprême » affirmaient alors le caractère universel de celle-ci.
Et c’est le 18 Floréal qu’un décret en fera un culte républicain.
Qu’est-ce que Robespierre , fin lecteur de Rousseau, voulait apporter à cette toute jeune République qui avait à lutter contre les ennemis intérieurs et extérieurs, embarrassée dans les difficultés économiques ? Une nouvelle religion ? Une tentative de créer une sorte de morale républicaine devant apporter de nouveaux repères spirituels et politiques à une société qui sortait de plus de 10 siècles de mainmise de la religion et de l’église catholique ?
En quoi l’analyse des fondements de cet « Être Suprême » révèle l’attachement profond d’une application concrète et quotidienne des valeurs de la République et en quoi cette belle leçon politique mérite d’être réhabilitée aujourd’hui ?
Comment donc la question sociale et démocratique peut-elle rencontrer celle de l’Être Suprême et des rapports de la république avec la déclaration des droits et les religions ?
Sans vouloir anticiper les propos de Fadi Kassem, je me bornerai à rappeler que le décret du 18 prairial rappela la liberté des cultes et fut suivi d’autres relatifs à l’instruction publique et plus largement à l’éducation populaire (même si le terme est anachronique).
Pour aborder toutes ces questions, je laisse la parole à notre conférencier.

Fadi KASSEM : « De l’Être infini à l’Être suprême : la religion dans la République jacobine ».

Cliquez sur la photo pour suivre une intervention de Fadi Kassem

"Célébrer « les valeurs de la République » : une belle idée qui existait déjà sous la Révolution française et que les dirigeants prétendument « républicains » de France, le président de la République en tête, affirment désormais incarner. Ce qui ne les empêche de véhiculer les stéréotypes les plus crasses et éculés sur les véritables républicains comme Robespierre, et notamment au sujet de son combat en faveur de la fête de l’Être suprême ?

Passion fanatique et despotique ? Tout au contraire, Robespierre, hostile à la déchristianisation et à la personnalisation du pouvoir, s’inspirant des idées déistes de Jean-Jacques Rousseau, veut trouver les moyens d’assurer une concorde entre les croyances religieuses traditionnelles et la nouvelle religion civile, ciment spirituel de la République une et indivisible que les Jacobins de 1793-1794 tentèrent de consolider.

Bien loin des délires cléricalistes dépeignant Robespierre en sanguinaire guillotineur de chrétiens, l’analyse de l’Être suprême révèle l’attachement profond pour l’application quotidienne réelle des valeurs de la République – et non dans des discours pompeux dont l’emphase ne peut dissimuler le vide – dans la Première République en construction. Pour que tous les citoyens défendent les, et profitent des, droits de l’homme et du citoyen. Une belle leçon grossièrement moquée et qui mérite d’être réhabilitée."

Le mot de l’ARBR

Pour l’année 2022-2023 l’ARBR a fait le choix d’un cycle de conférences consacré à la naissance de notre première République. Il prolonge les différentes actions que nous avions engagées en 2022 . Yannick Bosc avait ouvert le banc en nous parlant de la République de Robespierre, Pierre Outteryck,sa mémoire dans le développement du mouvement ouvrier,Fadi Kassem, déjà, traitant de la question de la souveraineté populaire et donc de l’invention d’une démocratie originale et vivante unique et exemplaire aujourd’hui.

Vous l’aurez compris. Le 22 septembre 1792 le décret instituant ce régime nouveau arrêtait le principe d’un nouveau calendrier, faisant de ce jour l’an I de la République. Bernard Sénéca, sut avec brio, nous décrire les difficultés à mettre en actes cette décision. Serge Bianchi nous parla alors du destin de Jean-Paul Marat, personnage charismatique et ardent républicain que l’on surnomma du titre de son célèbre journal :l ’Ami du Peuple".
Côme Simien lui succéda pour nous parler de l’Ecole de la République, éclairant sous cet aspect la richesse des débats conventionnels et la difficile mise en place dans les villages. Là encore une approche documentée et originale de l’exercice démocratique de la souveraineté populaire.
Hervé Leuwers à son tour revint évoquer les récentes découvertes d’écrits inédits de Maximilien Robespierre, l’avocat mais aussi par des documents judicieusement choisis, l’éclosion de la pensée politique de l’Incorruptible notamment sur la question de la guerre et la crise républicaine de Thermidor. Un belle leçon de méthodologie historique.
Le 1er mars Fadi Kassem, reviendra sur une question centrale de l’émergence de cette première république : ses valeurs ! La République de 93 sera sociale, démocratique, et laïque.
Il faudra bien aborder, par l’approche biographique du député anglais du Pas-de-Calais, Thomas Paine, de la question sociale et du droit à l’existence digne. Ce sera le tour de Yannick Bosc
Enfin pour clore notre cycle nous accueillerons Suzanne Levin, membre de notre Conseil d’administration aura l’immense tâche de nous parler des représentants en mission , là encore, dans un pays en guerre, une manière choisie par la Convention pour d’être présente dans les zones de combat mais aussi pour « installer » la République et veiller à la mise en place de ses décisions.

L’ARBR, honorée, remercie chaleureusement nos 7 conférenciers qui ont accepté de nous rejoindre pour aider l’ARBR dans sa mission d’éducation populaire. Par la diversité de leurs approches, ils nous aident à comprendre cette année 93 dont nous célébrons le 230 ième anniversaire, et les suivantes.
De quelle République sommes-nous les héritiers ?

Vous retrouverez sur notre site les films de leurs conférences respectives.

Pour retrouver en vidéo sa conférence

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