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Les Desmoulins ou la Révolution rêvée.

mardi 5 juin 2018

Le prix Château de Versailles est décerné à Hervé Leuwers

Pour sa première édition, le prix Château de Versailles du livre d’histoire est décerné à Hervé Leuwers pour sa biographie Camille et Lucile Desmoulins. Un rêve de république (Fayard, 2018). Ce prix récompense l’auteur d’un ouvrage dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

(For its first award, the Château de Versailles Prize for a History Book has been awarded to Hervé Leuwers for his Camille et Lucile Desmoulins. Un rêve de république (Fayard, 2018). The prize awards the author of a historical work on a 17-18C subject.)

En français

LES DESMOULINS OU LA RÉVOLUTION RÊVÉE.

Hervé Leuwers, professeur à l’université de Lille III et déjà auteur d’un excellent « Robespierre » nous livre une belle biographie croisée du couple Desmoulins.

« Camille et Lucile Desmoulins [1] : Un rêve de république. » aux éditions Fayard. Doté d’un appareil critique impeccable (notes, sources, bibliographie) l’ouvrage n’est ni une justification, ni une réhabilitation mais opte pour une démarche de compréhension, ce qui n’exclut pas un travail « en sympathie » envers ses deux personnages.

La vie mouvementée de Camille Desmoulins est celle d’un acteur important de la Révolution doublé de celle d’un écrivain talentueux issu des Lumières. Il laisse le souvenir d’un « écrivain patriote, l’une des voix de la liberté. », à la plume souvent moqueuse et acerbe. C’est un révolutionnaire de la première heure ( « le grand homme du 12 juillet 1789 »), républicain à sa manière et partisan des démocrates de la Constituante. Il combattit sans relâche les partisans de l’Ancien Régime ainsi que tous ceux qui progressivement et successivement veulent arrêter le processus révolutionnaire, les constitutionnels, les brissotins enfin.
Pourtant à partir de l’été 1793, déçu dans ses idéaux, Camille s’éloigne progressivement du gouvernement révolutionnaire de salut public qui se constitue. Son dernier combat pour la clémence dans son « Vieux Cordelier » contre les hébertistes et parfois contre certains membres des Comités va le perdre. Englobé dans la chute des indulgents avec Danton, victime d’un procès à charge, il est guillotiné à 34 ans.

Lucile, sa jeune épouse, femme de son siècle, lui reste à jamais liée, ayant embrassée les idées, les combats et finalement la même mort tragique que son mari.

La postérité réhabilitera en quelque sorte le couple Desmoulins comme le montre parfaitement la fin du livre.

Robespierre, qui fut un ami du couple Desmoulins, a été rendu responsable de leur mort même si la réalité est en fait plus complexe. Camille n’était parfois pas sans contradictions et s’était notamment compromis avec certains personnages contestés, comme l’aristocrate Dillon. De plus il comptait beaucoup d’ennemis parmi les membres influents des Comités.

Hervé Leuwers a réussi à donner vie à ce couple engagé en Révolution, couple dont la fin tragique ne peut que nous émouvoir. Pourtant, ces jeunes gens rêvaient d’une République du Bonheur pour tous.

In English

THE DESMOULINS, OR THE DREAM OF REVOLUTION

Hervé Leuwers, professor at the University of Lille III and already author of an excellent Robespierre, gives us a fine joint biography of the Desmoulins as a couple.

Camille and Lucile Desmoulins :[1] A dream of republic is published by Fayard. Endowed with an impeccable critical apparatus (notes, sources, bibliography), it is neither a justification, nor a rehabilitation but opts for an approach of understanding, which does not exclude being « in sympathy » to its two characters.

Camille Desmoulins’ eventful life is that of an important player in the Revolution, as well as that of a talented Enlightenment writer. He is remembered as a « patriotic writer, one of the voices of freedom », often with a mocking and acerbic pen. He was a revolutionary from the beginning (« the great man of 12 July 1789 »), a republican in his own way and a supporter of the Democrats of the Constitution. He fought relentlessly against the supporters of the Ancien Régime as well as all those who gradually and successively wanted to stop the revolutionary process, the Constitutionalists, and finally the Brissotins.
Yet from the summer of 1793, disappointed in his ideals, Camille gradually moved away from the revolutionary government of Public Safety that was taking shape. His last fight for mercy in his Old Cordelier against the Hebertists and sometimes against some Committee members will destroy him. Engulfed in the fall of the Indulgents with Danton, victim of a political trial, he is guillotined at 34 years.

Lucile, his young wife, a woman of her time, remains forever bound to him, having embraced the same ideas, struggles and, finally, the same tragic death as her husband.

Posterity will rehabilitate the Desmoulins, as the end of the book perfectly shows.

Robespierre, a friend of the couple, was blamed for their deaths, although the reality is actually more complicated. Camille was sometimes not without contradictions and had compromised with some controversial figures, such as the aristocrat Dillon. Moreover, he had many enemies among the influential members of the Committees.

Hervé Leuwers has succeeded in giving life to this couple involved in the Revolution, a couple whose tragic end can only move us. Yet these young people dreamed of a Republic of Happiness for all.

Bruno DECRIEM. Membre du Comité de l’ARBR ( février 2018)

Hervé Leuwers a reçu pour cet ouvrage le Prix du Château de Versailles


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[1Camille Desmoulins au Palais-Royal
Jusqu’en 1942, dans le jardin du Palais-Royal, une statue d’Eugène Boverie rappelait l’appel à l’insurrection de Camille Desmoulins, le 12 juillet 1789. Ce jour-là, le jeune avocat n’était certes pas seul à s’indigner du renvoi de Necker et des menaces militaires contre Paris, mais, dès l’été, c’est son invitation à prendre les armes qui fut célébrée par les contemporains. Desmoulins était devenu un « grand homme ». Peu à peu, on l’appela « Camille », non par familiarité ou par référence à sa jeunesse, comme on l’écrit ordinairement, mais par allusion à Camillus, le général qui avait sauvé Rome des Gaulois, au IVe siècle avant J.-C. La signification du nom Camille s’est depuis oubliée, tout comme la force de l’événement fondateur du 12 juillet.
(Until 1942, in the garden of the Palais-Royal, a statue by Eugène Boverie recalled Camille Desmoulins’ call to insurrection on 12 July 1789. On that day, the young lawyer was certainly not alone in his outrage at Necker’s dismissal and the military threats against Paris, but it was his call to take up arms that was celebrated by contemporaries in the summer. Desmoulins had become a « great man ». Little by little, he was called « Camille », not by familiarity or by reference to his youth, as is usually written, but by allusion to Camillus, the general who had saved Rome from the Gauls in 4C BCE. The meaning of the name Camille has since been forgotten, as has the impact of the foundational event of 12 July.)