menu

Accueil > Comprendre la Révolution > La Révolution dans le Pas-de-Calais, le Nord > Les corsaires de Boulogne au service de la République

Les corsaires de Boulogne au service de la République

jeudi 12 février 2015

CORSAIRES DE BOULOGNE SUR MER AU SERVICE DE LA REPUBLIQUE


Le 31 janvier 1793, la Convention autorisait la guerre de course contre les navires ennemis et c’est sans attendre que des armateurs boulonnais s’y engagèrent.

C’est ainsi que quelques jours plus tard, le 6 février 1793, le Conseil Général du District de Boulogne-sur-Mer est saisi d’une demande du citoyen François Trudin qui sollicite la délivrance : « d’une lettre de marque et permission de faire armer et équiper en guerre un navire nommé le corsaire [’EGALITE, du port de 20 tonneaux, actuellement en ce port. Laquelle marque lui a été à l’instant accordée et remise après avoir été numérotée et paraphée conformément à la lettre du ministre du 3 du présent mois, à la charge par le dit citoyen armateur de faire enregistrer la lettre de marque au tribunal de commerce... » . *

Le même jour, mêmes démarches du citoyen Defurnes pour armer le corsaire LE SAINT BENOÎT, de 4 tonneaux, puis des citoyens Lamoury et Fontaine pour le corsaire LA SURVEILLANTE, de 5 tonneaux.

Du 7 au 14 février, 6 autres corsaires reçurent leur lettre marque : LA LIBERTE, L’AMI DE LA LOIX (sic), LE MARODEUR (sic), LA FORTUNE, LIBERTE, LE REPUBLICAIN.

Ces vaillants navires de courses n’étaient ni imposants, ni fortement armés. La plupart de dépassaient pas ies 10 tonneaux. Ainsi LE DIABLE VOLANT, qui sera construit et armé en l’an IV commandé par le capitaine Jean Sauvage, ne jaugeait que 9 tonneaux et n’était armé que de 30 fusils, 22 paires de pistolets, 30 sabres, mais d’aucun canon. L’équipage ne comptait que 34 marins.

En ces temps de disette, la marchandise interceptée était particulièrement bienvenue et dans les jours qui suivaient elle était vendue aux enchères, sous la responsabilité du Tribunal de Paix du Canton. Par exemple, du 7 au 12 germinal de l’An IV on procéda à la vente du navire « L’Anna » de Londres et de sa cargaison. La capture s’était faite en mer par le corsaire LE RUSE dont le capitaine boulonnais était Oudart Fromentin et l’armateur le citoyen Tiesset.

La marchandise saisie consistait en 100 douzaines de peaux de veau, 59 pièces de bœuf salé, une importante quantité de beurre salé en provenance d’Irlande, 20 pièces de toile blanche et 260 pièces de toile grise.

Le tout fut adjugé pour la somme de 16 665 livres 18 sols et 11 deniers et le navire lui-même pour 6 300 livres.

Les frais de l’expédition et prélèvements divers s’élevèrent à 5 295 livres 19 sols à quoi il fallut ajou­ter 1 sol par livre pour la Caisse de Secours aux invalides de la Mer.

La capture de l’Anglais Le Charles par LE RUSE rapporta tous frais déduits, rapporta 63 368 livres.

Le 10 pluviôse an V, le corsaire L’UNITE com­mandé par Robert Carry captura Le Belfast pour le profit important de 442 094 livres et peu après le Cambria pour 78 285 livres.

Le même mois la capture de l’Anglais « Resolution » fut faite de conserve par LE RUSE et L’UNITE.

Le produit de la vente des navires capturés était réparti à égalité en 3 parts entre l’Etat, l’armateur et l’équipage.

Pour celui-ci, le capitaine avait droit à 12 parts, les deux capitaines adjoints à chacun 10 parts, les 3 lieutenants à 8 parts, l’écrivain à 4 parts, l’interprète à 4 parts, le charpentier à 2 parts, chaque matelot à 1 part 72, le mousse à 14 part...

Ainsi, pour l’expédition qui dura du 11 prairial an IV au 29 thermidor an V, le capitaine du DIABLE VOLANT reçut la somme de 2 500 livres, chaque capitaine en second 1 800 livres et le mousse 250 livres.

La Convention interrompit l’activité des corsaires en juin 1793. Elle reprit quelque temps en thermidor an III puis de ventôse an IV à prairial an IX.

Au total 154 corsaires partirent du port de Boulogne, réalisèrent 201 prises et firent 1 967 prisonniers.

* Réf. : ’Archives départementales du PdC, cotes IL/320 et 2L4/9 et Histoire de Boulogne de A. Lottin.

Christian Lescureux L’Incorruptible N° 82