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Robespierre dans le dictionnaire

Biographie issue du Larousse encyclopédique année 1967

mardi 6 janvier 2015

ROBESPIERRE (Maximiiien DE), homme politique français (Arras 1758 - Paris 1794).

Homme politique français (Arras 1758 - Paris 1794). Issu d’une famille de robins, orphelin très jeune, et pauvre, il devient élève des Oratoriens, obtient (1769) une bourse pour le collège Louis-le-Grand, à Paris, où il se montre un élève studieux et brillant. Inscrit au barreau d’Arras (1781), Robespierre est apprécié pour sa conscience et son éloquente. Critiquant l’absolutisme royal et le système judiciaire, il est élu, par le menu peuple d’Arras,, député du Tiers aux États généraux (avr. 1789). Sa conviction ardente, ses raisonnements serrés, son style châtié font de Robespierre un des grands orateurs de la Constituante ; mais, comme il est un des rares démocrates de l’Assemblée, il étonne et irrite plus qu’il ne séduit. Il prend sa revanche aux Jacobins, qu’il anime et qu’il sauve de l’effondrement au lendemain du 17 juillet 1791.

Son hostilité au marc d’argent (cens nécessaire pour être député), sa interventions en faveur des Noirs, des soldats mutinés, son attitude franche après la fuite du roi, en juin 1791, lui valent une immense réputation. Sa vie simple le fait qualifier par les Parisiens d’« Incorruptible ». Son dévouement absolu à la défense des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité s’explique avant tout par l’influence de Jean-Jacques Rousseau ; persuadé que le « peuple » représente dans la société le seul élément pur qui n’ait pas été dépravé par la richesse, Robespierre s’emploiera à le protéger contre ceux qui l’ont oppressé : ministres, aristocrates, riches même ; il compte sur l’enseignement populaire, sur la religion épurée, pour affermir chez la pauvres la vertu, base de toute société solide. Mais la réalisation de cet idéal qui obsède Robespierre va être traversée par la difficultés qui assaillent la Révolution et l’homme politique se contentera longtemps de défendre les conquêtes de 1789 contre le parti aristocratique.

Ayant obtenu que les Constituants renoncent à la réélection (mai 1791), Robespierre compte surveiller l’action de la Législative du haut de sa tribune des Jacobins ; mais sa réputation de clairvoyance politique pâlit lorsqu’il attaque les brissotins, qui affichent des tendances belliqueuses, Persuadé qu’il est imprudent de faire la guerre avant d’avoir écrasé à l’intérieur le complot aristocratique, et que la propagande révolutionnaire ne gagnera rien à être confiée à des armées conquérantes, Robespierre taxe de légèreté ceux du parti patriote qui poussent à la guerre, d’accord avec la Fayette (début 1792) ; il accuse de trahison le général, qui, selon lui, ne vise qu’à instaurer une dictature militaire. Lorsqu’il voit les brissotins se rapprocher imprudemment de la Cour au point d’entrer dans le ministère (mars 1792), Robespierre les accuse alors de trahir la Révolution.

Les premiers échecs militaires (avr. 1792), le veto du roi, opposé aux décrets de la Législative (juin 1792), justifient bientôt ses critiques aux yeux du peuple. Désespérant de voir la Législative faire preuve de fermeté, Robespierre, qui conseille de la remplacer par une Convention élue au suffrage universel, pense qu’il suffira d’une manifestation populaire pour renverser le pouvoir. Le 10 Août, qui le surprend, fait évoluer sa pensée politique : ce juriste respectueux de la loi, après la ruine de la Constitution de 1791, ne voit plus désormais de légalité que dans le peuple, dans ses sections et dans sa Commune, et s’emploie à démontrer la légitimité de l’insurrection. Élu le soir du 10 Août à la Commune insurrectionnelle, il en est l’âme jusqu’à la réunion de la Convention (20 sept. 1792). Les Girondins ne lui pardonneront pas d’avoir dénoncé Brissot et Carra comme complices de l’ennemi (2 sept) au moment où commencent les massacres dans la capitale. Élu député de Paris à la Convention, Robespierre siège à la Montagne, dont il est un des orateurs, mais non le chef, et il ne cesse de polémiquer contre les Girondins. Après avoir affirmé que le procès de Louis XVI était inutile, il vote la mort du roi (janv. 1793).

Après la trahison de Dumouriez (avr. 1793), Robespierre compte sur les sections pour obtenir de la Convention l’exclusion des Girondins, trop hostiles à Paris. Jusque-là peu intéressé par les problèmes de ravitaillement, il appuie la loi du maximum des grains (4 mai 1793), réclamée par les sans-culottes. L’épuration de la Convention, qu’il ne cesse d’exiger, est enfin réalisée le 2 juin 1793 ; et, pour concilier la masse des Français à la Montagne, triomphante, Robespierre renonce à présenter de nouveau le projet de Constitution, à tendance socialisante, qu’il avait opposé au projet girondin en avril 1793. Mais, devant la gravité de la situation —insurrection et invasion—, il déclare qu’il faut provisoirement un pouvoir dictatorial pour gagner la guerre, but essentiel qui ne cesse plus d’inspirer ses démarches politiques.

Ayant défendu l’action du Comité de salut public, il est invité à y entrer le 27 juillet 1793 et accepte, non sans hésitation. Très assidu aux séances du Comité, n’acceptant aucune mission en province, Robespierre révèle alors ses qualités d’homme d’État, sachant renoncer aux théories, adapter les mesures aux circonstances, neutraliser l’une par l’autre la Convention, impatiente du joug du Comité et la foule des sans-culottes, prompte à imposer ses vues personnelles. S’il joue un « grand rôle » au Comité, c’est sous le contrôle de ses dix collègues, et il est souvent possible de préciser sa part dans l’œuvre commune ; mais, dans les grandes occasions, ils lui laissent la charge de défendre leur action devant la Convention et les Jacobins. Lors des journées de septembre 1793, le Comité se laisse imposer par les meneurs populaires, « enragés » et « hébertistes », une bonne part de leur programme : maximum général, armée révolutionnaire, terrorisme.

Robespierre s’efforce d’éviter la division entre les patriotes, il soupçonne déjà ces extrémistes d’être des agents de l’ennemi. Ayant éliminé les enragés et fait exclure les affairistes étrangers des Jacobins, il arrête la campagne de déchristianisation, qui écarte les catholiques de la Révolution, et se prononce contre l’athéisme, doctrine de riches, mais il soutient la politique de Saint-Just, qui vise à supprimer l’inégalité sociale (décrets anticipateurs de Ventôse). Pour éviter un trop profond bouleversement de la société, Robespierre semble un moment suivre Danton, qui prêche maintenant l’indulgence et attaque les hébertistes, dont les chefs sont décrétés d’arrestation (déc. 1793) ; puis se reprenant, il dénonce le double péril les factions de droite et de gauche, également inspirées par l’étranger.

Après deux mois de luttes confuses entre hébertistes et dantonistes, le Comité fait arrêter et exécuter les premiers (mars 1794), puis, non sans hésitation, Robespierre fait subir le même sort aux « indulgents » (avr. 1794). Orateur d’un pouvoir exécutif triomphant, il semble diriger la France. Le Comité se préoccupe tiers d’obtenir, par sa modération, l’appui des cultivateurs, des artisans et des commerçants, appelés à soutenir l’effort de guerre. Mais lorsque Robespierre, pour justifier spirituellement son œuvre, institue le culte de l’Être suprême, il commet l’erreur de figurer en tête du cortège, comme président de la Convention, lors de la fête du 20 prairial (8 juin 1794), ce qui le fait accuser d’aspirer à la dictature. Deux tentatives Attentat dirigées contre lui ont inquiété les membres du Comité, qui font voter la loi du 22 prairial, destinée à accentuer la Terreur.

Mais après la victoire de Fleurus (26 juin 1194), le dur régime imposé par le Comité paraît inutile aux Français ; et contre Robespierre, qui semble l’incarner, des intrigues réunissent ceux qui espèrent le remplacer. D’ailleurs, le Comité, qui ne peut plus menacer la Convention d’une journée révolutionnaire depuis qu’il a supprimé les hébertistes, s’est divisé. Aigris, épuisés, ses membres ne cessent plus de se quereller : le conservateur Carnot menacé dans son rôle de stratège infaillible, les terroristes Billaud-Varenne et Collot d’Herbois, blessés dans leur amour-propre, se joignent à la majorité du Comité de sûreté générale, dépossédé de ses fonctions de haute police, et aux représentants en mission prévaricateurs (Fouché, Tallien, Barras Fréron) ; la Plaine pourra imposer sa sentence. Malade, las de ces disputes, Robespierre cesse de venir au Comité et de paraître à la Convention à partir du 24 prairial ( 12 juin 1794). On l’invite à revenir (5 thermidor, mais les querelles reprennent. Le 8 thermidor (26 juillet 1794), à la Convention, il attaque ses adversaires sans les nommer ; l’Assemblée, inquiète, refuse l’impression de son discours. Les ennemis de l’orateur se concertent pendant la nuit et, à la séance du 9 thermidor (27 juill. 1794), Robespierre et ses amis (Saint-Just, Couthon, Lebas, Robespierre le Jeune) ne peuvent se faire entendre. À trois heures de l’après-midi. ils sont décrétés d’arrestation. La Commune, qui s’est soulevée en leur faveur, les reçoit à l’Hôtel de Ville ; la Convention les met hors la loi. Jugeant l’aventure sans issue, les cinq députés ne décident rien ; à deux heures du matin, les forces de la Convention viennent les arrêter. Robespierre se tire un coup de pistolet et se brise la mâchoire ; le soir même, il est guillotiné sur a place de la Révolution (10 thermidor ; [28 juill. 1794]).

  • Référence :
  • Dictionnaire encyclopédique Larousse,
  • 1967 Tome 9
  • Pages 306-307