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« 1789-1794 Nous sommes tous citoyens ! »

Un article de Bernard Vandeplas

vendredi 17 avril 2020

« 1789-1794 Nous sommes tous citoyens ! »

Droits de l’homme, égalité civile, liberté, nation … sont des principes issus de la Révolution française puis la République. Ils s’appuient sur des textes essentiels dont l’élaboration pour la plupart se fait durant les années 1789-1794.

Ces textes : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Constitution en sont les principaux. La Révolution est une rupture vis-à-vis de l’Ancien Régime et de termes comme : nation, souveraineté, assemblée, constitution, séparation des pouvoirs, république occupent une place fondamentale. Il en est de même du peuple qui entre en politique, en devenant un citoyen actif dans l’élaboration du nouveau régime.

Nous sommes tous des citoyens.

Le citoyen n’est plus un sujet mais un individu autonome, socialement émancipé des ordres et des corps, débarrassé de tous les particularismes et privilèges, libre de ses opinions, même religieuse. Les protestants qui accèdent à l’état civil en 1787 ont pu participer aux élections des Etats généraux (Rabaut Saint-Etienne, par exemple) et sont reconnus citoyens à part entière le 24 décembre 1789. Les Juifs obtiennent les mêmes droits le 27 septembre 1791.

Des citoyens qui s’expriment. En effet, la Révolution de 1789 permet à tous de participer à l’élaboration, à la régénération de l’homme. On voie donc une opinion publique apparaître dès les premiers jours de la Révolution. Celle-ci s’exprime dans différents lieux, sous différentes formes. Comme par exemple les clubs et sociétés florissant dès les premières heures de la Révolution. La presse également se développe considérablement, expriment différentes opinions.

Les clubs parisiens et provinciaux structurent l’opinion publique. Ils ont d’abord été fondés pour lire les nouvelles politiques et commenter les événements ainsi que les nouvelles lois dont ils veillent à mesurer l’actualité locale.

L’affaire du marc d’argent par exemple, peut rappeler que l’accès à l’électorat est subordonné au paiement d’une contribution directe de 3 journées de travail.(entre 1 livre dix sous et trois livres). pour l’électorat du deuxième degré, l’impôt est de 10 journées de travail (soit entre 5 et 10 livres). Pour accéder aux fonctions de député, il faut être propriétaire et acquitter un impôt égal au marc d’argent. ce qui donne en 1791 : 1/3 des citoyens exclus du corps électoral ; 60% des actifs satisfont au premier cens d’éligibilité mais moins de 20% de ceux-ci atteignent le seuil très sélectif du marc d’argent.

Par exemple pour la petite ville de Belvès (en Dordogne), le marc d’argent est contraire à la Déclaration des droits de l’homme. « Il détruit l’égalité ». La pétition de cette commune permet de croire à la naissance de réseaux d’opinion . Et ceux-ci sont parcourus de débats. La pétition de Belvès permet de montrer la naissance de réseaux d’opinion capable d’influencer l’Assemblée Nationale.

La presse est également formateur de l’opinion publique. La Révolution est un moment intense de sociabilité politique et de publication de journaux (plus de 400 titres en 1790).

Par exemple, L’Ami du peuple (12 septembre 1789-14 juillet 1793) est tiré à 2000 exemplaires, vendu par abonnements coûteux. Les assemblées de section, les clubs, les cafés s’en partagent les idées par lecture collective.

La presse joue un rôle important dans la politisation des français. Celle-ci, invite le citoyen à l’action politique (voir l’Ami du peuple par exemple). Donc, l’action de la citoyenneté ne se réduit pas qu’au vote. Elle s’exprime aussi en actes militants, en mouvement de révoltes justifiés par la résistance à l’oppression ou le droit à l’insurrection. A partir de 1792, le mouvement populaire s’élargit, dans le cadre de la sans-culotteriez. Les sections deviennent le lieu de discussion des sans-culottes militants et d’une démocratie directe. Elles sont des lieux de mobilisation d’où partent les journées révolutionnaires (le 10 août 1792, le 31 mai 1793 etc…). Néanmoins, le Comité de Salut Public met au pas les sociétés populaires : élimination des plus exaltés (Enragés en 1793, Hébertistes en 1794), interdiction des sociétés politiques de femmes… épurations. Les sociétés sont ainsi instrumentalisées.

Les fêtes civiques, les clubs et leurs filiales, les sociétés populaires ont proliféré depuis 1789 : 5500 communes en ont au moins une, surtout dans le Midi et le nord-ouest du Bassin parisien. A Paris, la réunion des sections est quotidienne. Près de 7000 adresses ont été lues ou citées à la barre de la Convention en l’An II.

Bases d’une nouvelle expression de la souveraineté, et d’une opinion publique : les clubs, les fêtes, la presse etc… participent à la naissance du citoyen et à la découverte de la politique moderne.

La Révolution marque l’accès à la politique et aux droits civiques d’une part importante de la population. Elle lègue des références pour la démocratisation à venir.

Bernard Vandeplas, docteur en Histoire Contemporaine.