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L’invention du télégraphe.

Un article de Christian Lescureux.

vendredi 5 juin 2015

En quelques mois la Convention se dote d’un moyen de communication révolutionnaire.

Alors que jamais l’homme n’avait pu transmettre au loin un message plus rapidement qu’à la vitesse d’un cheval, CHAPPE, inventeur du télégraphe a, sous la Révolution, doté l’humanité d’un système de communication qui abolit considérablement les distances. Et ce qui n’est pas moins extraordinaire dans cette invention, c’est la rapidité avec laquelle la Convention, a su la mettre en œuvre.

C’est en 1790 que Claude CHAPPE, jeune sarthois de 27 ans, met au point son projet de télégraphe optique qui permet « d’écrire au loin » grâce à des signaux donnés par des bras articulés perchés sur une hauteur. Ancien séminariste de La Fère, abbé jusqu’à la révolution, Chappe, se livra très tôt, avec ses quatre frères à des expériences sur les communications optiques.

Portrait de C. Chappe

En mars 1792 il propose son télégraphe à l’Assemblée législative, où siège son frère Ignace, député de la Sarthe. Il affirme que grâce à son invention « l’Assemblée pourra faire parvenir ses ordres à nos frontières et en recevoir la réponse durant une même séance ». L’examen de sa découverte est renvoyée au comité d’instruction publique.

Sous la Convention, le 1er avril 1793, ROMME, au nom du Comité de Guerre obtient que soit faite une expérimentation de l’appareil sous le contrôle de trois savants dont LAKANAL. L’expérience se déroule entre Ménilmontant, Écouen et St Martin du Tertre. C’est un succès et le citoyen CHAPPE est fait « ingénieur télégraphe ». Le Comité de Salut public fixe les lignes à établir en priorité.

Et la première, installée entre Paris et Lille, permet d’annoncer à la Convention, dans l’heure qui suit, la reprise de la ville du Quesnoy le 28 thermidor an II.

Les archives départementales du Pas-de-Calais conservent des traces des premiers relais télégraphiques créés en l’an II dans le département. L’un d’eux fut érigé sur une hauteur du village de Thélus, à quelques kilomètres au nord d’Arras. Dans l’un des registres du District d’Arras [1] on lit que le 6 germinal an II ont été décidées des « réquisitions de clous pour la construction de machines télé-graphiques ». Puis que des pétitions ont circulé contre l’installation de cette machine ; ce qui amène le ministre de l’Intérieur, le 12 germinal an II, à réagir contre les « bruits qui courent pour discréditer ou empêcher l’usage des machines télégraphiques du citoyen CHAPPE élevées sur la commune de Thélus  »

C’est avant tout pour permettre des liaisons rapides avec nos armées révolutionnaires que fut menée en des temps record l’édification des relais télégraphiques. La première ligne joignait Paris à Lille ( près des combats contre les armées autrichiennes). Dans les carnets de CHAPPE on lit que la première tour est prévue à St Pierre de Lille, la seconde à 4 lieues 1/2 à Carvin, la troisième au Mont Vimy (sur la commune de Thélus) à 4 lieues 3/4 , la quatrième au Bois Logeas sur la commune d’Achiet-le-Petit à 6 lieues 1/2 etc...

Peu après celle de Lille, c’est la destination de Landau (Rhénanie-Palatinat) qui fut desservie, bientôt prolongée jusqu’à Strasbourg. Bruxelles fut jointe en 1795, et Brest en 1798. Progressivement une bonne partie du territoire bénéficia de cette invention qui s’inscrit dans la liste des grands progrès réalisés sous la Révolution française.

Au milieu du XIX° siècle ont comptait en France plus de 530 tours de relais réparties sur 5000 km. En 1845 le télégraphe fut électrifié puis disparut définitivement vers 1855, supplanté par des méthodes de communications infiniment plus rapides comme le « morse ».

Concurrencé par d’autres ingénieurs qui perfectionnèrent son invention, Claude CHAPPE se suicida à Paris en janvier 1805. Il a son tombeau au Père Lachaise.

Christian Lescureux [2]

Le relais télégraphique :

Acquarelle du télégrahe Chappe
Il est constitué d’un mât pivotant de 7 m de hauteur supportant un principal (régulateur) de 4,60 m doté de deux ailes articulées,. Ces pièces sont de différents bois : chêne, pin, orme...

Le tout est implanté au sommet d’une tour, carrée, ronde ou pyramidale (parfois sur un clocher), en un endroit élevé du paysage.

Le stationnaire (télégraphiste) qui guette les messages à la jumelle, les transmets à partir d’une salle de travail située à l’intérieur de la tour d’où il manœuvre le système situé au pied du mât. Il est à son poste un quart d’heure avant le lever du soleil, un collègue le relaie à la mi-journée, jusqu’à un quart d’heure après le coucher du soleil.

Les messages sont évidemment en langage codé.

[1(AD du P.d.C.lLl/9)

[2L’’incorruptible n°77