menu

Accueil > Comprendre la Révolution > La Révolution dans le Pas-de-Calais, le Nord > Une pièce curieuse…

Une pièce curieuse…

L’employé municipal a-t-il fait avec les « moyens du bord » ?

lundi 14 novembre 2016

Une pièce curieuse…

Un extrait du registre des délibérations de l’administration municipale de la commune d’Arras, signé par le secrétaire du maire datant du 7 Messidor an 12 (Juillet 1804), concerne une pétition demandant un internement.

Que nous dit cette pièce : « Vu la pétition de Macaire Danflour, cordonnier demeurant à Arras section A n°22 tendante a obtenir que Catherine Casani sa femme qui depuis plusieurs mois est dans un état de démence a faire craindre pour mes jours, soit mise en lieu de sûreté.

Vu le procès-verbal dressé ce jourd’hui par les commissaires de police de cette, lequel constate que cette femme donne des marques de la plus grande démence et qu’on aurait à redouter les plus grands malheurs si elle avait à sa disposition du feu ou des meubles qui puissent lui servir d’armes.

Le maire de la ville d’Arras et les adjoints arrêtent que provisoirement ladite femme Danflour sera placée dans l’hospice des fous et qu’expédition du présent arrêté sera transmis avec le procès verbal des commissaires de police aux magistrats [1]. »

Cette pièce est curieuse voir étonnante, non pas par le contenu de cette pièce, même si celui-ci est anecdotique dans un registre des délibérations d’une commune comme Arras.

Mais cette pièce est curieuse à cause de son support.

Expliquons-nous : nous avons affaire à une feuille de papier avec un entête révolutionnaire, plus exactement une vignette révolutionnaire, à une date ou l’Empire de Napoléon Premier prend naissance.

Plusieurs questions peuvent nous venir. D’une part, le fonctionnaire a recopié cette extrait de délibération avec une vignette révolutionnaire, l’a-t-il fait volontairement ?

Si oui, il nous montre un acte de résistance républicain face à un l’Empire de Napoléon Premier qui s’installe. Si son acte est inconscient, il fait une erreur grave qui peut le conduire en prison.

D’autre part, n’y a-t-il pas encore tout simplement, de papier avec entête impériale ?

On peut donc penser que ce fonctionnaire fait de son mieux, avec ce qu’il a. Nous sommes dans une période de transition entre une république qui se meure officiellement depuis le Consulat et un Empire naissant institutionnellement.

Cette pièce peut-être considérée comme le témoin d’un changement et d’une continuité. En effet, la République a laissé des traces, elle reste dans la mémoire de tous et durant le Consulat elle subsiste encore. Cette pièce est une trace Républicaine.

On ne peut donc pas éliminer les symboles idéologiques facilement. Ils restent des témoins et ils participent au maintien du souvenir de la République.

Bernard Vandeplas, vice-Président de l’ARBR

[1Archives privées, Arras, 7 Messidor an 12, en-tête de l’administration municipale de la commune d’Arras avec vignette révolutionnaire, cachet de la ville d’Arras.