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Olivier Betourne : la mort du roi, paris, seuil, 2024, 319 P.
Une note de lecture de Bruno Decriem
jeudi 24 octobre 2024, par
Voilà un livre intéressant, sur un sujet pourtant extrêmement étudié, intitulé « La mort du Roi Louis XVI devant ses juges et face à l’Histoire. »
Sur cet événement décisif de la Révolution, « le livre de référence » reste d’ailleurs « Le procès de Louis XVI » d’Albert Soboul, publié en 1966, comme le dit d’ailleurs dans une note Olivier Bétourné.
Ce nouvel ouvrage comprend trois chapitres : Le procès, le jugement et l’exécution, ce qui paraît logique tant cet événement porte en lui-même un véritable scénario dramatique.
Le point fort de l’ouvrage est pourtant incontestablement sa « note sur les sources » très détaillée attestant du sérieux de l’ouvrage.
L’auteur croise les débats à la Convention avec les derniers jours de Louis XVI à la prison du Temple. Cette démarche peut paraître contestable dans la mesure où le roi déchu apparaît alors forcément comme une victime. L’auteur l’assume dans sa conclusion : « Pourquoi s’interdire de dire sa compassion pour Louis XVI, première victime de cette nécessité ? » Il aurait fallu insister également sur les injustices inhérentes à l’absolutisme royal y compris durant le règne de Louis XVI.
Les interventions des nombreux Conventionnels à la tribune de l’Assemblée sont assez bien analysées ainsi que le combat entre les Girondins et les Montagnards autour du sort de Louis afin d’affermir la République. L’auteur s’attache à expliquer la logique de chaque camp ainsi que des principaux orateurs. Si Saint-Just et Robespierre, qui ne voulaient pas d’un procès, n’ont pas été suivis, c’est bien la Montagne qui l’emporte avec la condamnation à mort du roi, en raison des divisions de la Gironde, et plus encore par le ralliement de la Plaine aux positions montagnardes. Barère a été décisif dans ce positionnement du centre.
L’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 dans un Paris silencieux est minutieusement racontée. Olivier Bétourné évoque un homme d’une certaine dignité, réfugié dans sa foi religieuse.
La mort du roi face à l’Histoire n’est finalement traitée que dans la conclusion, avec un parallèle entre cette exécution et celle de Charles 1er en Angleterre en 1649. Selon l’auteur, la nature même de la royauté anglaise fort différente de la française a finalement permis le rétablissement durable de la royauté en Grande-Bretagne.
L’auteur conclut son ouvrage par cette phrase de Marat ( reprise par Cambon) montrant l’importance du régicide dans la poursuite de la Révolution et dans l’affirmation de la République : « Nous venons enfin d’aborder dans l’île de la liberté, et nous avons brûlé le vaisseau qui nous y a conduits. »