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 « Danton et Robespierre, le choc de la révolution » de Loris Chavanette, ou un souffle épique historique et littéraire plutôt réussi.

par Bruno DECRIEM, vice-président de l’A.R.B.R.

jeudi 11 novembre 2021

« Ce livre mérite de trouver ses lecteurs, non seulement par son sérieux historique, mais plus encore par l’écriture littéraire et l’enthousiasme qui s’en dégage. »

Le titre un peu racoleur « Danton et Robespierre Le choc de la Révolution » et l’auteur,peu de mon goût à priori,n’annonçaient rien de bon ! Ses sources présentées en notes nous faisaient tiquer ! Et pour cause, elles citaient bien davantage Furet et autre Gueniffey plutôt que Soboul et Vovelle !

Le thème même du livre pouvait paraître peu original, à savoir un portrait croisé de Robespierre et Danton, à nouveau ! A nouveau, car celui d’André Stil publié lors du Bicentenaire de la Révolution « Quand Robespierre et Danton inventaient la France » était d’une excellente facture, et a même servi de support àde nombreuses conférences organisées par l’ARBR durant l’année 1989.

Cette dualité des deux révolutionnaires, largement exagérée par la postérité mémorielle et les combats historiographiques de la Révolution (dont la querelle Aulard-Mathiez sera le paroxysme) est-elle d’ailleurs la plus pertinente pour comprendre la Révolution et/ou l’étudier sous un autre angle ?

J’ai donc commencé la lecture de ce copieux ouvrage de plus de 470 pages avec ces questions en filigrane.

Pourtant, dans son introduction l’auteur nous livre ses objectifs :

« Ce livre est une tentative d’instaurer un véritable dialogue entre les deux révolutionnaires. » « Il y a une sévère concurrence entre Danton et Robespierre pour savoirlequel des deux a laissé le plus bel héritage. » « Pour saisir qui était Robespierre, il faut se demander ce qu’il n’était pas. Or ce qu’il n’était pas, c’est précisément Danton. »

La lecture de ces deux biographies croisées s’est avérée agréable, grâce au style et au ton de l’auteur. Heureuse surprise, ce livre se lit comme un roman historique offrant un scénario de tragédie shakespearienne au cœur de la grande Révolution qui construisait la France républicaine contemporaine. Œuvre littéraire mais aussi historique : La documentation historique est elle aussi solide !

On guette les partis-pris, les erreurs éventuelles, les détails inédits aussi : ils ne sont pas là !

Certes, je ne suis pas certain comme l’écrit son préfacier Emmanuel de Waresquiel, biographe de Fouché, que ce livre se présente comme la «  métaphore de notre humanité », mais on peut être en accord avec lui, lorsqu’il écrit : « Après tout, faire de l’histoire, c’est regarder dans la nuit et écouter des silences. »

Ce livre mérite de trouver ses lecteurs, non seulement par son sérieux historique, mais plus encore par l’écriture littéraire et l’enthousiasme qui s’en dégage. Ce sont dans les remerciements finaux que l’auteur nous livre finalement la clef d’entrée : « L’histoire de Danton et de Robespierre ainsi que de Camille Desmoulins m’habite depuis mon plus jeune âge, et je passe toujours, avec le même naïf frisson, sur les places de l’Odéon et de la Concorde, devant les grilles fleuries du palais du Luxembourg ou encore les tours de l’église Saint-Sulpice. »

Bruno DECRIEM, vice-président de l’A.R.B.R.