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Émile Fournier, l’un des fondateurs de l’ARBR, est décédé
samedi 29 février 2020
NÉCROLOGIE

Émile Fournier, l’un des fondateurs de l’ARBR, ancien déporté, figure locale mis à l’honneur par la ville d’Arras en mai 2015, nous a quittés en janvier, à l’âge de 97 ans.
Ardent défenseur de Robespierre, il était le plus ancien de nos membres et membre d’honneur de notre comité. Si ces derniers temps, le poids de l’âge, l’empêchait de participer à nos réunions,, il demeura jusqu’à sa fin un lecteur attentif de notre bulletin et s’intéressait de près à notre activité. Poète de talent, il était aussi membre des Rosati, association anacréontique que l’incorruptible fréquenta. Ceux qui l’ont connu se souviendront de son accent picard et son goût du patois.
« Les idées racistes et xénophobes, on sait où cela nous a menés," disait-il.
Notre ami était profondément antiraciste, et militant antifasciste. Cet ancien président de la section d’Arras de la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes, était né à Marœuil, près d’Arras en 1922.
Serrurier d’art, rue Saint-Aubert rue commerçante du centre ville, il s’était soustrait à une convocation pour le travail obligatoire en Allemagne, en 1943. Comme nombre de jeunes Français dans son cas, il avait rejoint la Résistance. Dans la clandestinité, sous le pseudo « Stéphane Dumoulin », il avait rédigé des tracts, saboté des voies ferrées et était devenu responsable technique départemental des Francs Tireurs Partisans (FTP). Les Marœuillois vouaient à cet homme modeste et bon une profonde et sincère admiration.
Arrêté en juillet 1943 en gare de Saint-Omer, suite à une dénonciation, il connaît alors la captivité : la prison de Loos, prélude à une exécution qui n’aura pas lieu. Le 1er décembre 1943, il est dirigé vers le camp de concentration d’Esterwegen, Börgen-Moor, passe dans d’autres camps avant d’être « employé » au déminage à Poznec (en Pologne). En avril, le camp est évacué et il s’évade avec un ami. Il rejoint l’armée du général Patton à Saalfed le 15 avril 1945. Après un court passage à l’hôtel Lutétia (Paris) pour sa démobilisation, il retrouve Arras le 16 mai 1945. Il y fut nommé secrétaire du comité local de libération.
Émile a consacré beaucoup de temps, pendant une longue partie de sa vie à raconter aux jeunes générations son expérience de la guerre et des camps. Il répétait à qui voulait l’entendre que ses conditions douloureuses de détention l’étaient pourtant bien moins que celles des déportés des camps d’extermination (Auschwitz, Bergen-Belsen, Dachau…).
Cet homme droit, humaniste, citoyen du monde, et très accueillant était titulaire de nombreuses distinctions, dont celles d’Officier de la Légion d’Honneur, et la Croix de Guerre avec Palme. Il a été inhumé le mardi 7 janvier au cimetière de Marœuil, dans l’intimité familiale.
Nous assurons sa famille de toute notre compassion.
Voir en ligne : Emile fournier figure dans le Maîtron