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Une bataille trop méconnue, la victoire de Wattignies.

Un article commemoratif de Pierre Outteryck

mardi 10 octobre 2023, par Alcide CARTON_1

Une bataille trop méconnue, la victoire de Wattignies.

Par Pierre Outteryck

Selon Napoléon Bonaparte, Wattignies fut la plus belle bataille des premières années de la République. Pourtant, cette victoire est moins connue, moins célébrée que celle de Valmy obtenue 13 mois auparavant.

Le jeune soldat Sthrau, dessin du jeune tambour Sthrau de Georges Dascher, paru dans Le Livre d’Or des Enfants courageux.

Depuis le 28 juin 1793, les troupes du prince de Saxe-Cobourg ont investi la place forte de Maubeuge ; cette ville fortifiée par Vauban était la clef qui ouvrait le Hainault et la Picardie aux armées coalisées des adversaires de la Révolution. Paris n’était plus qu’à 5 jours de marche. La ville du bord de Sambre prise, plus aucune fortification ne saurait retenir les envahisseurs.

Alors que le procès de Marie-Antoinette se prépare, la Convention décide d’envoyer les généraux Jourdan et Duquesnoy, assistés par le représentant en mission le conventionnel Lazare Carnot, pour débloquer la cité maubeugeoise.

Encadrés par des soldats formés dans l’ancienne armée royale, 45 000 volontaires guère expérimentés, mal armés et peu équipés avancent dans la Nationale 2 vers le nord du Hainault. Le poète Émile Blémont (1839-1927) publie à la veille du centenaire de la Révolution, une véritable Iliade de plusieurs milliers d’alexandrins racontant l’épopée de ces soldats de l’An II.

Les jours précédents, le 15 octobre, le prince de Saxe-Cobourg organise ses 21 000 soldats pour barrer l’accès de Maubeuge en s’emparant du plateau de Wattignies qui domine la route. Grace à cette position élevée, il espère ainsi rééquilibrer les forces en présence.

Le 15, les combats sont violents et incertains. Le village de Dourlers est pris et repris plusieurs fois. S’y illustre, jeune héros révolutionnaire, le tambour Sthrau. Il aurait réussi à s’infiltrer derrière la cavalerie hongroise. Ainsi placé, il aurait joué du tambour pour annoncer une contre-attaque des cavaliers de la République. Les Hongrois, surpris et pris de panique, se seraient débandés. Une statue de l’adolescent a été érigée à Avesnes (sous-préfecture du sud-est du Département du Nord).

En ces jours d’octobre, l’Avesnois est humide. Une brume épaisse couvre au matin du 16, le champ de bataille. Le général Duquesnoy en profite. Héros de la bataille d’Hondschoote (près de Dunkerque), il fait déplacer plusieurs milliers de fantassins et de canonniers pour prendre d’assaut le plateau. En cet endroit, l’abrupt est important et les autrichiens ont mis peu d’hommes pour contrecarrer une attaque jugée impossible.

La surprise des coalisés est totale. En quelques heures, l’armée de Saxe-Cobourg doit faire retraire et dégager Maubeuge.

Alors que ce jour-là, le 16 octobre, Marie-Antoinette, condamnée à mort pour haute trahison, est exécutée, pour la deuxième fois les armées de la République sauvent la Révolution, et ses valeurs progressistes. Bientôt, Wattignies prendra le nom de Wattignies-la-Victoire.

Pierre Outteryck
Professeur agrégé d’histoire, fondateur du centre de documentation et d’histoire social de Sambre-Avesnois, membre du CA de l’association des Amis de Robespierre et du bicentenaire de la Révolution.(ARBR)