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Robespierre dictateur, mythe ou réalité ?

mardi 3 mars 2015

L’ARBR-Les Amis de Robespierre a réuni près de 80 personnes lors de la conférence « Robespierre dictateur, mythe ou réalité ? » donnée par Hervé Leuwers, professeur d’histoire à l’université de Lille III, directeur des Annales Historiques de la Révolution Française, auteur de Robespierre (2014) et co-auteur de Visages de la Terreur, l’exception politique de l’an II (2014).

Au lendemain du 9 thermidor an II (27 juillet 1794), la Convention annonce avoir renversé un dictateur : Robespierre. Tous les contemporains, cependant, ne jugent pas l’événement de la même manière ; lesquels ont raison ? Robespierre a-t-il été dictateur ? a-t-il voulu le devenir ? ou n’a-t-il détenu qu’un « douzième d’autorité », comme il l’a dit lui-même ? Répondre à ces questions, c’est revenir sur le 9 thermidor et ses mythes, mais aussi revenir sur les perceptions contrastées du personnage depuis 1789.

Présentation du Conférencier

Mesdames, Messieurs,

Tout d’abord merci d’avoir répondu à notre invitation à venir écouter Hervé Leuwers cette après-midi.
Hervé Leuwers est un adhérent attentif à la vie et au rayonnement de notre association et ne refuse jamais lorsque nous l’invitons à parler de Robespierre ou de la révolution.

Il nous avait captivé l’an dernier en arbitre d’un « duel imaginaire » entre Robespierre et Danton, faisant implacablement un sort aux préjugés construits dès la chute de Robespierre en rétablissant, faits à l’appui quelles avaient été les relations, les oppositions, le convergences de vue entre ces deux grandes figures de la Révolution française.

Il nous revient aujourd’hui, pour évoquer à nouveau l’Incorruptible dont nous voulons être les amis sincères pour aborder de plein fouet la lancinante question : Robespierre dictateur : mythe ou réalité ?
Mes petits enfants sont curieux. La curiosité enfantine est une bien belle qualité car elle développe l’intelligence et pour peu qu’on la satisfasse, elle sert de vaccine contre bien des idées reçues.
Or, voilà que l’un d’entre eux me trouve attablé devant mon ordinateur en train de reconstruire le site de l’association -que je ne saurais trop vous recommander- et m’interroge sur le titre :
- Tu es un ami de Robespierre ? me demande-t-il. C’est pour ça que tu fais un site.

  • Oui , pour mieux faire connaître qui il était, ce qu’il a fait. C’était un grand homme politique qui a beaucoup fait pour la réussite des idéaux, toujours actuels, de la Révolution française.
  • Ah bon !
  • Tu connais Robespierre ?
  • Oui, un petit peu .C’est pour ça que je te demande. Toi papi, t’es pour la paix, t’es contre le racisme, tu as fait des trucs contre les discriminations, tu es pour les pauvres et l’égalité que tu nous saoûles, des fois. Et moi, j’ai lu, puis le maître il a dit que Robespierre a fait guillotiner des tas de gens et que c’était un dictateur. Il était responsable de la terreur. T’es pas pour les dictateurs papi ?
  • Pas vraiment non. Je serais même vraiment contre. Mais ce n’est pas un paradoxe.
  • C’est quoi un paradoxe ? Alors tu m’expliques.

Je remercie toujours mes petits enfants quand ils me posent des questions de ce genre. Ça montre au moins qu’il y a parfois une belle distance entre les intentions du maître, la réponse à l’évaluation qu’il peut faire et surtout la manière dont un enfant a construit son savoir.

Nous voilà donc au cœur de la question que nous posons à Hervé Leuwers : « Robespierre, dictateur, mythe ou réalité ? » et ainsi donc d’examiner son rapport avec la démocratie et le pouvoir politique.

Cette conférence s’inscrit dans les objectifs de notre association : dépasser les préjugés, les réputations construites de toutes pièces dès la mort des robespierristes et approfondir la connaissance que nous avons de l’œuvre immense accomplie en quelques années par nos aïeux révolutionnaires et notamment par Robespierre. C’est un enjeu pour l’Histoire, certes, mais aussi pour le présent du débat politique d’aujourd’hui, du danger permanent que court notre trop imparfaite démocratie.

Je n’ai pas amené mon petit fils à cette conférence. Non pas par peur qu’il pose à notre hôte des questions embarrassantes, mais parce qu’il a des priorités juvéniles sportives immédiates plus intéressantes au grand air.

Mais je ne doute pas de deux choses : d’abord que vous avez gardé, les uns et les autres, l’âme juvénile et que vous ne manquerez pas d’interroger notre conférencier et qu’ensuite, le connaissant, il se fera un devoir de répondre et d’explorer plus avant les ressources de son sujet.

Je n’ose vous présenter Hervé Leuwers parce que vous le connaissez ; sauf pour vous dire qu’il est Professeur d’Histoire Moderne à l’Université de Lille 3, Directeur des Annales Historiques de la Révolution française, et membre du Conseil d’Administration de la Société des Études Robespierristes. … entre autres….

Voilà comme il se définit lui-même sur le site des Presses Universitaires de France :

« Après une biographie du juriste et révolutionnaire Merlin de Douai (1996), je me suis consacré à l’étude des avocats des XVIIe-XIXe siècle et, plus particulièrement, aux étapes de l’émergence d’un « barreau français » (2006). Dans l’un et l’autre cas, la décennie révolutionnaire a représenté un moment central de mes recherches. Je travaille actuellement sur la justice à la veille et pendant la Révolution française. »

Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui font aujourd’hui autorité.

  • La Révolution française et l’Empire, PUF, 2011
  • , La justice dans la France moderne. Du roi de justice à la justice de la nation (1498-1792), Paris, Ellipses, collection « Le monde : une histoire » 2010
  • , L’invention du barreau français (1660-1830). La construction nationale d ?un groupe professionnel, Paris, Ed. de l’EHESS, collection « Civilisations et sociétés », 2006
  • , Un juriste en politique : Merlin de Douai, 1754-1838, Arras, Artois presses université, collection « Histoire », 1996

Et pour 2014

avec Michel Biard, Visages de la Terreur, Paris, Armand Colin, 2014, 272 p.
et Robespierre, Paris, Fayard, 2014, 400 p.

Pour le reste il vous le dira lui-même. Je lui laisse la parole .
Alcide Carton, Président.

Robespierre et la liberté de la presse

A propos de la Liberté de la presse : Un extrait de l’ouvrage d’Hervé Leuwers :

« Robespierre croit en la liberté de la presse, qu’il qualifie de « plus redoutable fléau du despotisme ». Il l’imagine totale, sans aucune entrave…Il l’explique aux Amis de la Constitution, le 9 mai 1791, par un discours qu’il rend public, que les Jacobins adressent aux sociétés affiliées et qu’il réutilise en partie à la fin du mois d’août. Fidèle sur ce point à l’exemple américain, il refuse toute censure et tout privilège d’impression. Il rejette également toute limite à la liberté d’expression : permettre la condamnation de propos jugés incendiaires ou sédicieux serait empêcher le débat ; permettre la poursuite pour calomnie de ceux qui auraient dénoncé un responsable public serait empêcher la presse de « contenir l’ambition et le despotisme de ceux à qui le peuple son autorité ». Il voudrait que seuls les particuliers calomniés aient le droit de demander réparation. »
« Robespierre » d’Hervé Leuwers p.177-78