menu

Accueil > Comprendre la Révolution > La chronologie des évènements > Tallien à Bordeaux

Tallien à Bordeaux

lundi 20 avril 2020

Tallien à Bordeaux : un despote qui réduit le peuple à la misère et l’un des premiers artisans de thermidor.

Les mémoires du conventionnel Sénard nous renseignent sur la personnalité et les actes de Tallien, un des hommes qui provoqua le Coup d’Etat du 9 et 10 thermidor an II.

Sénard nous écrit : « Tallien à Bordeaux » :

« Tandis qu’on réduisait le peuple de Bordeaux à la misère en ne faisant des distributions que deux fois par semaine, et chaque distribution n’étant que de quatre onces de pain, cinq onces de riz ou de châtaignes, lui Tallien affectait la somptuosité d’un potentat : on fabriquait pour lui du pain aussi blanc que la neige, que l’on appelait le pain des représentants.

C’était à côté des morts que roulait le char de Tallien dans lequel la Cabarus, appelée Dona Thérésia, se faisait traîner avec son amant dans un pompeux étalage, courrier devant, courrier derrière. La Cabarus était affublée d’un bonnet rouge sur la tête.

Tallien à la convention

Souvent il allait en voiture découverte, et la Cabarus, connue pour prostituée, était promenée en déesse, tenant une pique d’une main et mettant l’autre sur l’épaule du représentant Tallien. Ce despote avait levé une armée révolutionnaire de quinze mille hommes, pris hors des murs de Bordeaux et qui formaient sa garde prétorienne ; il l’employait à protéger, à maintenir et même à augmenter les travaux de la guillotine, et par opposition il faisait désarmer Bordeaux ; on ignore ce que sont devenues les armes en quantité, et d’une valeur immense, auxquelles il faut joindre des uniformes, des manteaux, des bottes et harnais dont il avait également ordonné le séquestre.

On ignore de même l’emploi des millions de taxes sur les détenus ; des amendes multipliées, excessives, prononcées par la commission militaire : l’emploi de deux millions en numéraire que Descombelles, de Toulouse, lui avait cherchés et envoyés, d’après l’arrêté de Tallien, lequel portait peine de mort en cas de retard ou d’inexécution, même contre celui qui garderait du numéraire : moyen aussi employés par ce représentant tant à Bordeaux, que dans d’autres départements.

Madame Tallien

La Cabarus avait chez elle un bureau dans lequel on vendait les grâces et les libertés, et où l’on traitait à des prix excessifs ; pour racheter leur tête, les riches payaient avec empressement des cent mille livres ; l’un d’eux ayant eu la faiblesse de s’en vanter fut repris le lendemain et guillotiné tout de suite [1]. »

Choix du texte Vandeplas Bernard.

[1Senard, Gabriel-jérôme, 1760-1796, révélations puisées dans les cartons des comités de salut public, de sûreté générales, publiés par Alexis Dumesnil, Paris, 1824, 278 p. Notice d’après A Fierro, « Mémoire de la Révolution », Paris.