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François Hanriot

mercredi 20 octobre 2021

Dans cet article Aimée Boucher décrit quel rôle jouait François Hanriot pendant la révolution.

François Hanriot
François Hanriot naît le 2 décembre 1759 à Nanterre. Fils d’Edme Hanriot et de Marguerite Davoine, il a pour parrain, François Coypel et pour marraine, Marie Murat. Son père est domestique chez M. Jusdairay, bourgeois de Paris, ancien trésorier de France.

Sa sœur aînée, Marie-Cécile est née à Sormery (Yonne) jour pour jour six ans avant son frère, le 2 décembre 1753.

Aucune archive ne peut nous donner des renseignements sur son enfance et son adolescence, mais à en juger par ses écrits, il avait sans conteste fréquenté assidûment l’école et le collège.

En 1789, quand la Révolution embrase Paris, François Hanriot est commis aux barrières, c’est-à-dire employé de l’octroi, chargé de prélever les lever les taxes qui frappent chaque produit entrant dans la capitale. Ce qui ne l’enthousiasme guère.

Le 12 juillet, lorsque les Parisiens mettent le feu aux barrières, loin de combattre l’incendie, il se joindra aux émeutiers. Jeté en prison, à Bicêtre, avec plusieurs autres personnes sous les chefs d’accusations « incendiaire » et « dévastateur », il sera libéré un an plus tard, en 1790, grâce à l’intervention de Marat qui éclairera l’opinion dans son journal montrant combien fut révolutionnaire cette journée du 12 juillet. Cette affaire ne peut en aucun cas s’apparenter à un délit, mais constitue un acte politique, révolutionnaire.

Il demeure à cette époque rue de la Clef, appartenant à la 47e section, militant activement dans la section de son quartier, celle du Jardin des Plantes, qui deviendra la section des Sans-Culottes après le 10 août 1792. A la même époque, l’historien Lavisse signale sa présence à la section des Quinze-Vingt, dans le quartier Saint-Antoine, où son beau-frère Charles Lassus était maître tourneur.

Hanriot, à l’âme bien trempée, au charisme certain, meneur d’hommes et à l’avenir prometteur, se retrouve à la tête de la Garde nationale.

Des résistances se dévoilent au sein de la Convention. 100 000 Parisiens se rassemblent sur la place du Carrousel le 2 juin.

Hérault de Séchelles considérant Hanriot comme un rebelle le somme de se retirer. Ce dernier lancera : « Hérault, le peuple ne s’est pas levé pour écouter des phrases mais pour donner des ordres. Il veut qu’on lui donne trente-quatre coupables. »

Il remet sa démission au Conseil général révolutionnaire, réuni le 11 juin et déclare : « Le calme est rétabli ; mes services ne sont plus nécessaires ; il faut d’ailleurs qu’un général de sans-culottes sache être soldat. Je rentre dans mon obscurité, ou plutôt je redeviens soldat pour servir encore le peuple et lui sacrifier mon sang et ma vie s’ils lui sont nécessaires ». Cette profession de foi est saluée d’applaudissements. Le vice-président lui donne le « baiser fraternel ».

Hanriot, veille à ce que le Paris populaire ne meure pas de faim, que les distributions aux portes des commerces se fassent de manière équitable, assure la fourniture de munitions aux armées de la République.

C’est un admirateur de Rousseau. Ses mots de référence sont « Justice » et « Vertu ». Il entend donc que ses hommes soient irréprochables. « Malheur à l’homme qui ne sait pas respecter la vieillesse » (26 floréal).

Depuis toujours, Hanriot s’est fixé pour règle de ne jamais utiliser la force armée contre le peuple. Il le répète souvent. Le 26 ventôse : « Mes frères d’armes (…) Souvenez-vous de mes premières promesses où je fis part de l’horreur que j’avais pour toute effusion de sang. »

Les intéressés doivent eux-mêmes faire la police. Il le dit clairement le 17 ventôse : « C’est à vous, mères sages et respectables, à faire la police, à vous passer de la force armée. »

Tallien après avoir traité Robespierre de « nouveau Cromwell », s’en prend directement à Hanriot, le rempart à abattre.

Delmas, député de Haute-Garonne, revient à la charge contre Hanriot et son entourage et demande son arrestation.

En ce 9 Thermidor, Hanriot se présente à la porte des Tuileries, son action tourne court. Il est arrêté. Le gendarme Merda, se faisant appeler Veto, se vantera d’avoir lui-même ficelé Hanriot.

Mais Jannotte, brigadier de gendarmerie, commandant le poste au Comité de sûreté générale, lui disputera cet honneur.

Vers deux heures du matin, trois cents hommes, menés par les Conventionnels Bourdon et Barras, nouveau commandant général,plusieurs gendarmes dont Merda marchent vers l’Hôtel de ville. Robespierre reçoit une balle, Saint-Just se fait arrêter sans se débattre, Couthon est poussé dans l’escalier, il est blessé à la tête et Augustin se jette par la fenêtre et se brise les cuisses.

Hanriot vient d’être libéré par Coffinhal, député du Cantal. Si on en croit un témoin, Rolland, secrétaire au Comité de sûreté générale, il s’est présenté sabre à la main en « demandant à haute voix, Robespierre » (W 434).

A ce moment il est environ 9 heures du soir. Hanriot et ses aides de camp sont détachés.

Jean-François Damour, officier de la section des Arcis, à la séance du Conseil général, en témoignera, et brandissant ces cordes comme un trophée, s’écrira : « Je ne les donnerais pas pour un million, c’est une couronne civique pour moi ».

Hanriot n’était pas un général aventurier, courant après sa propre gloire.

Pourquoi Coffinhal n’a-t-il pas pris lui-même l’initiative de l’assaut, avant même d’aller libérer Hanriot, lequel – et il ne faut pas l’oublier – avait été détenu pendant plusieurs heures et avait perdu le fil des évènements.

Des témoins les ont vus passer à cheval, entrer à la mairie où ils demeurèrent peu de temps. Tandis que le commandant de la Garde nationale reprend sa route, des cris s’élèvent : « Vive Hanriot, vive notre brave général » (F7 4432).

La légende veut qu’Hanriot lève facilement le coude, qu’il était ivre le 9 thermidor. Michelet le traite même d’« ivrogne ». Lenôtre soutient que s’il avait été coutumier du fait, Robespierre, homme aux mœurs strictes, ne l’aurait pas toléré parmi ses familiers.

Son cocher, Noël, dont on ignorait jusqu’à présent l’existence, est sommé de livrer des adresses. On apprend que François Hanriot fréquentait régulièrement Robespierre ; son cousin Hanriot, faubourg Antoine ; des citoyens responsables de la section des sans-culottes : Bugneau, rue Mouffetard ; Voisin, rue Victor ; Dardel, le président ; et aussi Nicolau, imprimeur, rue Honoré ; et un limonadier du Luxembourg, Nicolas Dauvin.

Pour ternir l’image de Robespierre et de ses amis, on continue d’entretenir l’idée que Robespierre, Saint-Just, Couthon voulait le pouvoir sans partage et que François Hanriot aurait été leur bras armé.

Sur son ancienne maison au n°21, aucune plaque ne rappelle son souvenir, tout comme Robespierre plongé dans l’oubli où pas la moindre rue de la capitale ne porte son nom.

Aimée Boucher
membre du CA de l’ARBR