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« Alors ? Robespierre, monstre ou héros ? » Une conférence de Marion Pouffary

mercredi 15 novembre 2023

Après Mme Dominique Godineau, M. Bernard Vandeplas, et votre président, nous avons accueilli Mme Marion Pouffary, chercheuse associée au Centre d’histoire du XIXe siècle de Panthéon Sorbonne/Sorbonne Université et auteure de : Robespierre, monstre ou héros ?, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2023.

Mme Pouffary a traité de la fameuse « légende noire » à propos de Maximilien Robespierre, mais aussi de la « légende dorée » le concernant et répandue tout au long du XIXe siècle.

Beaucoup d’éléments nouveaux, en particulier une « légende noire de gauche » et « une légende dorée » transmise par des militants républicains cherchant à le « réhabiliter » mis en lumière par notre conférencière.
A l’issue de sa présentation, avec passion, elle a répondu aux nombreuses questions posées par les participants ou les internautes en ligne .

Pendant le moment convivial qui a suivi, elle a signé son livre édité à ce propos.

Pour voir ou revoir cette passionnante conférence il vous suffit de cliquer sur l’image de l’affiche.

Texte de présentation de la conférence :

Si pour Clemenceau et ses héritiers politiques, « la Révolution est un bloc », l’héritage de Robespierre n’a en réalité jamais été accepté en bloc, comme le montre l’étude du discours public du XIXe siècle. Celle-ci montre que la légende noire de Robespierre n’est pas une, mais plurielle. Elle se scinde entre la Révolution et le milieu du XIXe siècle en quatre légendes, qui peuvent être rapprochées de quatre courants politiques distincts. Robespierre est présenté par les contre-révolutionnaires comme le propagateur de l’anarchie populaire tandis qu’il est un dictateur qui a opprimé le corps social sous la Révolution pour les libéraux. Certains communistes le dépeignent comme un homme politique qui a méconnu le besoin de réformes économiques et sociales émanant des classes populaires tandis que les anarchistes le décrivent comme un dirigeant bourgeois autoritaire. À l’inverse, les militants républicains radicaux et/ou socialistes qui cherchent à le réhabiliter le présentent comme un défenseur infatigable des droits politiques et sociaux du peuple. Ces différentes représentations, qui se diffusent tout au long du XIXe siècle, ne se sont pas effacées, et leur étude permet de comprendre pourquoi, plus de deux siècles après sa mort, Robespierre reste au cœur des débats sur l’héritage républicain.

Résumé de sa thèse

L’étude de l’image de Robespierre dans le discours politique de la Restauration à la fin du XIXe siècle met en lumière le processus de construction de la légende dorée de Robespierre, légende qui n’a jamais été étudiée de manière précise, bien qu’elle ait influencé fortement l’historiographie. Forgée à partir de 1830 par des militants appartenant à la composante radicale du parti républicain, elle présente Robespierre comme le défenseur de l’égalité politique et sociale, le théoricien du droit à l’insurrection et l’apôtre d’une religion fraternelle qui doit servir de base à un nouveau contrat social. Cette étude montre aussi que la légende noire de Robespierre est traversée par des fractures idéologiques mal discernées jusqu’ici. La légende noire conservatrice/contre-révolutionnaire née sous la Révolution fait de Robespierre à la fois un tyran et un anarchiste niveleur et impie. La légende noire libérale qui se développe sous la Restauration en fait seulement un tyran clérical. Les légendes noires communiste et anarchiste, apparues respectivement au tournant de 1840 et sous la Deuxième République, dénoncent non seulement le cléricalisme de Robespierre mais aussi son manque d’ambition sociale. A la différence de la légende noire communiste, la légende noire anarchiste reprend l’image du tyran et critique le rôle de Robespierre dans la Terreur. Enfin, la légende noire libérale-républicaine apparue à partir du milieu du XIXe siècle s’inscrit dans le prolongement de la légende noire libérale tout en étant influencée par les légendes noires communiste et anarchiste et fait de Robespierre un tyran politique et clérical dont elle souligne le peu d’intérêt pour les questions économiques.


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