Bruno Decriem en conférence : Billaud-Varenne , opposant à la guerre et républicain.

« Celui qui fut l’un des Rochelais les plus importants, des hommes qui ont fait la Révolution », écrivait Michel Crépeau en 1989 lors des commémorations du Bicentenaire de la Révolution.

Les Billaud sont installés à La Rochelle depuis le XVI^e siècle. Le grand-père puis le père sont des avocats au présidial. Jacques-Nicolas, né en 1756, fait naturellement des études de droit et devient à son tour avocat. Il s’installe ensuite à Paris.

Dans l’effervescence du début de la Révolution, Billaud publie dès 1789 de nombreux ouvrages politiques patriotes. Il fréquente assidûment le club des Jacobins à partir de 1790. Il s’y fait remarquer en juillet 1791 en soutenant des opinions républicaines : « Aujourd’hui que le trône est presque renversé par la fuite du roi je suis encore plus étonné que l’Assemblée nationale ne s’occupe pas des moyens de l’abattre. » Il fait ensuite adopter la référence de l’an I de la République, à la Convention le 22 septembre 1792.

Mais c’est sur le grand débat sur la guerre qu’il montre toute sa clairvoyance. Avant Robespierre, il dénonce l’ensemble des dangers de la guerre défendue par les Brissotins et la cour royale : « Une vérité, démontrée par l’histoire de tous les peuples, atteste que la guerre, qui rend forcément le gouvernement absolu, fut toujours la route qui conduisit naturellement au despotisme. »

Député de Paris à la Convention en septembre 1792, il prend part à tous les combats politiques des Montagnards, lors du procès du roi, et dans la chute des Girondins, puis des « factions » Hébertistes et Dantonistes. Membre du Comité de salut public, il tient un rôle prépondérant dans l’instauration du gouvernement révolutionnaire qui sauve la France des ennemis extérieurs et intérieurs. Représentant du peuple en mission efficace à trois reprises, il accomplit sa tâche avec discernement et efficacité.

Il participe de manière décisive à la chute de Robespierre le 9 thermidor, sans que l’on sache précisément les raisons de sa rupture avec l’Incorruptible, tant leur proximité politique est évidente.

Victime de la Réaction thermidorienne, il est, avec Collot, le premier déporté politique en Guyane, où il demeure de 1795 à 1816. Il finit son existence sur la République d’Haïti, où il meurt en 1819.

Toute sa vie, il resta fidèle à ses convictions républicaines et ses idéaux démocratiques de l’an II.

Grand personnage de la Révolution, Billaud-Varenne reste injustement méconnu, souvent victime de légendes calomnieuses.

Il est temps de redécouvrir cette grande figure historique, et d’abord, chez lui, à La Rochelle sa ville natale.