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Les missions révolutionnaires de Joseph Lebon dans le Pas-de-Calais en 1793-94 au travers de sa correspondance avec le Comité de salut Public

samedi 18 mai 2019

Le bilan humain des deux tribunaux révolutionnaires (Arras et Cambrai) a été estimé assez précisément. Pour Arras, 391 victimes et 143 pour Cambrai. On peut y ajouter une centaine de personnes décédés dans les prisons. (204)

LES MISSIONS REVOLUTIONNAIRES DE JOSEPH LEBON DANS LE PAS-DE-CALAIS EN 1793 ET 1794 PAR SA CORRESPONDANCE AVEC LE COMITE DE SALUT PUBLIC.

« Le terrible Joseph Lebon . » (1)

Notre propos n’est pas ici de proposer une biographie de Joseph Lebon. Celle-ci reste à faire. Entendons nous bien. Celui-ci a été largement l’objet de multiples pamphlets, puis d’ouvrages souvent documentés, principalement à charge destinés à l’accabler, plus rarement à le défendre ou à justifier ses actions. Ces écrits s’inscrivent essentiellement dans une période qui court de l’an III aux quatre premières décennies du XXe siècle. Ils sont souvent partiaux car correspondants à la situation politique du moment. Ainsi les nombreux pamphlets de l’an III sont de véritables actes d’accusation contre Lebon ainsi que des contributions au procès de la Terreur sous l’an II dans le département du Pas-de-Calais. (2)

Dans le Pas-de-Calais, la mémoire de la Terreur s’identifie d’abord à Lebon, dès la Révolution elle-même puis durant le XIXe siècle qui la prolonge. « « Le règne du proconsul » était devenu le point de référence incontournable lors des débats politiques locaux. » (3) Durant le XIXe siècle Lebon est ainsi un « repoussoir sanglant » (4) qui fascine les multiples biographes. (5) Son propre fils tente alors une difficile (impossible ?) réhabilitation. (6) Louis Jacob publie finalement une biographie quasi-définitive, pourtant aujourd’hui datée, nuançant la responsabilité de Lebon dans les excès de la Terreur, la faisant partager avec le Comité de Salut public et la Convention. (7) Depuis Jacob, Lebon a cessé d’inspirer les historiens. Lors du bicentenaire, à peine le mentionne-t-on dans quelques notices. (8) Il est vrai que, même aux yeux des historiens progressistes, les plus favorables à la Révolution, Lebon n’est guère recommandable ni fréquentable. Le rapport Courtois, prélude à son procès et à son châtiment, l’a définitivement condamné pour la postérité. C’est « le barbare ennemi des humains » (9) qui « se couvre du sang de ses frères. » (10) « Vous l’allez voir promener les supplices et la mort sur le sol où il a pris la vie. […] C’est ici l’heure du carnage, il faut traverser des ruines ; il faut marcher sur des cendres ; il faut fouler des cadavres ; vos oreilles vont être effrayées des gémissements, des cris d’angoisse et de mort d’une génération presque entière ; vous allez assister à sa douloureuse agonie ! » (11)

En fait, Lebon n’avait pas complètement disparu des livres d’histoire. Il réapparaissait de temps à autre, tel un génie malfaisant, dans les monographies des villes du Pas-de-Calais, spécialisées ou non sur la période de la révolution.

Ces monographies, très prisées par le lectorat régionaliste, étaient d’ailleurs souvent remarquables d’érudition et d’utilisation des sources d’archives locales ou départementales. Celles d’Arras (12) et de Saint-Omer (13) n’ont pas été dépassées. Ainsi l’historien local Lecesne réussit à traiter la période de la Terreur à Arras en suivant Lebon évoluer entre les rapports de force du personnel révolutionnaire arrageois et parisien. Des monographies d’autres villes du Pas-de-Calais ( Béthune (14), Calais (15) suivent les pérégrinations du représentant du peuple Lebon agissant et « labourant le terrain. » Aucune ville du Pas-de-Calais ne lui échappe. Ainsi dans une lettre datée du 16 novembre 1793, se trouvant à Saint-Pol, Lebon prévoit ses futurs déplacements jusqu’au 8 décembre 1793 : Saint-Pol, Hesdin, Montreuil, Samer, Boulogne, Calais. (16) Il n’est donc pas très étonnant que la mémoire de ces temps révolutionnaires troublés s’y trouve associée à celle de Lebon dans le Pas-de-Calais.

En préambule, nous disions qu’une biographie sur Lebon, modernisée et équilibrée, avec les apports historiographiques d’aujourd’hui restait à écrire. Le dépouillement de ses courriers adressés au Comité de Salut public dans le cadre de ses missions offre un matériau important, pratique et consultable pour l’historien. Nous y avons ajouté les différentes occurrences concernant Lebon dans le monumental Recueil d’Aulard et de ses suppléments. Nous avons cru devoir y ajouter également trois importantes lettres de Darthé concernant les missions de Lebon. (17) Ce recensement chronologique de la correspondance de Lebon est notre source principale à ces quelques réflexions sur les missions controversées du représentant du peuple Joseph Lebon dans le Pas-de-Calais ( et départements limitrophes, Nord et Somme) entre le 9 août 1793 et le 10 thermidor an II-28 juillet 1794.

L’« ami fidèle de Robespierre » ? (18)

Évidemment, la mémoire maudite de Lebon fut rapidement rattachée à la légende noire de Robespierre créée de toutes pièces par les thermidoriens. (19) Pour la ville d’Arras et plus largement pour le département du Pas-de-Calais, Lebon fut une « plus-value » afin d’assimiler Robespierre à un monstre froid et sanguinaire. (20) Dès la chute de Robespierre, celle de Lebon paraissait consommée et destinée à renforcer l’image de l’Incorruptible seul responsable de la Terreur. Elle accréditait de fait la seule responsabilité d’un triumvirat décisionnel (Robespierre-Saint-Just, Couthon) qui n’a pourtant jamais existé et Lebon devenait un complice ou comparse criminel à « l’instinct féroce » (21), un « désolateur du Nord. » (22) Cette stratégie avait l’énorme avantage de disculper les thermidoriens de leur propre responsabilité dans les excès de la Terreur lors de leurs missions en Province.

Dès la chute puis l’exécution de Robespierre, Lebon était rappelé fermement par le Comité de Salut public : « Le représentant du peuple Lebon rentrera sans délai dans le sein de la Convention. » (23) La concomitance des événements n’était pas fortuite. Le 15 thermidor, Lebon était mis en état d’arrestation par un décret de la Convention. (24) Deux jours plus tard, le 17 thermidor an II- 4 août 1794, le représentant en mission montagnard Choudieu (25) dans une lettre dénonçait le tribunal révolutionnaire d’Arras « tribunal de sang » (26) où ses membres « ont l’air de bourreaux [plutôt] que de juges. » (27) Choudieu associait surtout l’impunité de ses basses besognes à la protection qu’aurait bénéficié Lebon de la part de Robespierre. « On a écrit plusieurs fois et contre Lebon et contre le tribunal mais Lebon était protégé par Robespierre, et tout ce qu’on a pu dire n’a servi à rien. » (28) Peu de temps après, le représentant Florent Guiot, en mission dans le Pas-de-Calais et dans la Somme, et qui s’était en effet opposé précédemment à Lebon, avalisait cette thèse en considérant Lebon et ses hommes comme des complices au « complot » de Robespierre. « La conspiration de Robespierre, de Saint-Just et de leurs complices avait des ramifications très étendues dans le département du Pas-de-Calais. » (29) Courtois allait reprendre intégralement cette complicité entre les deux révolutionnaires et l’élargir vers les autres membres du gouvernement révolutionnaires, en disgrâce sous l’an III. « Marchons vers Arras, où le compatriote, l’ami fidèle de Robespierre et de Barère (Joseph Lebon), se couvre du sang de ses frères. » (30)

Il était néanmoins exact que c’était Barère, au nom du comité de Salut public qui avait protégé Lebon dénoncé par des pétitions à la tribune de la Convention le 21 messidor an II- 9 juillet 1794. « Il a détruit les pièges de l’aristocratie, il a démasqué les faux patriotes, il a comprimé les malveillants et fait punir les contre-révolutionnaires et les traîtres. » (31)

Compatriote de Robespierre, Lebon l’était effectivement. Né en 1765 à Arras d’une famille miséreuse, ordonné prêtre en 1789 par Talleyrand à Beaune, il revient dans son arrageois natal en juin 1791 à Neuville-Vitasse. Dans le sillage des patriotes, Lebon parvient à occuper des postes politiques importants au moment où la monarchie s’effondre. Il est ainsi élu député-suppléant du Pas-de-Calais à la Convention le 10 septembre 1792, maire d’Arras le 14 septembre, procureur-syndic du département le 20 octobre. En cet automne 1792, il renonce définitivement à la prêtrise et se marie. (32) Durant cette effervescence révolutionnaire de 1791 et 1792, Lebon a incontestablement fréquenté les Robespierre, et sans doute davantage le cadet, Augustin né en 1763 de la même génération que lui. Il connait également Philippe Lebas originaire de Frévent, du même âge, étant né en 1764. Lebas sera député du Pas-de-Calais à la Convention, mari d’Élisabeth Duplay, l’une des filles du menuisier Maurice Duplay, l’hôte de Robespierre. Il est resté fidèle à l’Incorruptible jusqu’à la mort, ayant demandé à partager son sort le 9 thermidor. (34) Durant sa mission controversée de Cambrai en floréal-messidor an II, Lebon écrit au moins cinq lettres à Lebas et Saint-Just détaillant son action et les mesures prises à Cambrai alors que les batailles contre la coalition royaliste ennemie s’annoncent acharnées et décisives pour la victoire de la France révolutionnaire. (35) Darthé, fidèle de Lebon et ami de Lebas écrit à ce dernier une importante lettre où la vie privée n’est pas oubliée. Il rappelle que Lebon revenu de Paris le 28 floréal -17 mai 1794 ramène avec lui la citoyenne Robespierre, sœur de Maximilien et d’Augustin. (36) Lebon ramène également une lettre d’Élisabeth destinée à son mari. Elle s’apprête à accoucher et se plaint de ne pas avoir suffisamment de nouvelles de lui. Darthé enverra cette lettre à Lebas, son destinataire. (37)

A cette époque, Lebon semble être encore suffisamment proche du cercle des amis, de la famille et des soutiens de Robespierre. A-t-il pour autant fait parti du premier cercle ? Quelques lettres de Lebon adressées à Robespierre apportent des éléments de réponse.

Le 3 juin 1790 (38), Lebon vicaire au Vernoi près de Beaune envoie une lettre d’encouragement à Robespierre, dénonçant le célibat des prêtres ainsi que les vêtements ecclésiastiques. Hésitant entre le tutoiement et le vouvoiement, le ton est à l’admiration et à une certaine flatterie. « Courage, mon brave ami, il ne te reste plus qu’un pas à faire, et, seul à peu près de nos législateurs, tu sortiras de la carrière aussi pur que tu y es entré. […] Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse de tout mon cœur. » (39)

Le 28 août 1792 (40), Lebon écrit à Maximilien en insistant sur la difficulté politique pour faire élire d’emblée Augustin, sans doute à la députation du Pas-de-Calais pour la Convention. Ce dernier sera finalement élu député de Paris comme Maximilien. Le ton est plus chaleureux et personnel. « Courage, mon cher ami. […] Nous t’embrassons. » (41)

Au début de sa première mission, dans la Somme et adjoint à André Dumont, Lebon enverra une courte lettre à Robespierre afin de plaider en faveur du capitaine Hulin, suspendu de ses fonctions. La missive se termine par un « Je t’embrasse, mon cher ami. » (42) Un fac-similé atteste de la véracité de ce courrier.

A notre connaissance, c’est tout ce que nous possédons comme échange épistolaire entre Lebon et Robespierre. Nous ne connaissons pas de réponses de ce dernier à Lebon. Dans ses multiples interventions publiques et politiques, à la Convention et aux Jacobins, Robespierre n’a jamais prononcé le nom de Joseph Lebon, pourtant compatriote arrageois en mission dans le Pas-de-Calais. (43) Cela ne prouve rien mais il est extrêmement hasardeux d’affirmer que Lebon était « l’oreille et la bouche de Robespierre. » (44) Par contre, indiscutablement, nous pouvons suivre cet historien pour constater que les thermidoriens sauront utiliser cette supposée proximité. « Ses liens avec Robespierre favorisent son rappel et son arrestation. » (45)

C’est donc dans la correspondance entre le Comité de Salut public et Lebon que l’on peut approfondir la question et tenter d’élaborer des hypothèses et des bribes de réponses.

Concernant les différentes missions confiées à Lebon, Robespierre a signé (jamais seul) quatre arrêtés ainsi qu’une lettre envoyée à Lebon, au nom du Comité de Salut public. Il a rédigé lui-même trois des cinq écrits. On peut les détailler et les expliquer ainsi.

Le 15 août 1793, l’arrêté rédigé par Robespierre (et signé, outre lui-même par Saint-Just, Prieur de la Côte d’Or, Barère et Carnot) insiste sur les mesures de salut public à prendre afin d’assurer les approvisionnements et la levée des soldats dont celle de l’arrestation des ennemis de la République, dans un contexte d’une République montagnarde assiégée à l’extérieur et à l’intérieur. (46) L’arrêté est destiné à Dumont et à Lebon.

Le second arrêté daté du 8 brumaire an II-29 octobre 1793 rédigé lui-aussi par Robespierre envoie Lebon en mission afin d’étouffer un complot contre-révolutionnaire « dans la ville d’Aire et en d’autres endroits du Pas-de-Calais. » (47) Cosigné avec Barère, c’est lui qui fait de Lebon le représentant en mission dans le département du Pas-de-Calais.

Le troisième arrêté, toujours rédigé par Robespierre est extrêmement important. Daté du 30 germinal an II- 19 avril 1794, il ordonne la continuation du tribunal révolutionnaire d’Arras alors que pourtant la centralisation de la Terreur à Paris s’organise. Une exception notable est donc accordée à Lebon dont la politique se voit ainsi approuvée dans ses actes et principes. Cet arrêté est aussi signé, outre Robespierre, par Billaud-Varenne et Prieur de la Côte d’Or. (48)

Les deux autres arrêtés signés par Robespierre, dont l’un rédigé par Collot-d’Herbois, confirment l’acte précédent de la continuation des travaux de la Commission révolutionnaire d’Arras maintenue. (49) Ces arrêtés semblent confirmer l’approbation et le soutien de Robespierre à la politique de répression menée par Lebon dans le Pas-de-Calais et à Cambrai. Cependant, on constatera que de très nombreux arrêtés et lettres encourageant Lebon à accroître la répression ne sont pas signés de Robespierre mais par d’autres membres du Comité de Salut public aussi divers que Billaud-Varenne, Collot-d’Herbois, Barère, Saint-Just, Carnot, Prieur de la Côte d’Or, Lindet. Ces écrits ne sont pas les plus modérés, loin s’en faut. Louis Jacob estimait que Lebon avait finalement appliqué la politique voulue du Comité de Salut public dans son ensemble. Cette politique était donc collégiale, et non du seul Robespierre, à l’évidence. Courtois a pu écrire « Partout, dans cette correspondance de Lebon, s’offrent les traces d’une complicité coupable entre lui et le Comité. » (50)

Cependant, on le verra, le soutien du Comité à Lebon fut loin d’être inconditionnel. A de nombreuses reprises, il fut contesté, rappelé, interrogé même en son sein lors de brefs retours à Paris, et finalement, comme à regret, légitimé comme étant l’homme de la situation. La lutte fratricide entre Lebon et les patriotes d’Arras (Beugniet, Demuliez, les frères Leblond) entamera définitivement le crédit de Lebon à partir de prairial an II. (51) Enjeux féroces de pouvoirs entre révolutionnaires locaux, les patriotes d’Arras incarcérés par Lebon à Arras le 30 germinal puis transférés à Paris le 15 floréal suivant finirent par être libérés suite à l’action infatigable du député du Pas-de-Calais Armand Guffroy, un proche de Danton devenu opposant à Lebon (52) et à celle plus effacée mais au combien plus efficace et décisive de Robespierre. Lecesne raconte dans sa monographie les dessous de cette lutte entre les révolutionnaires d’Arras avec force de détails passionnants. (53) Désavoué par Robespierre, Lebon entra dans une colère noire dont il avait le secret et écrivit à Lebas une lettre amère pleine de rancœurs et de fureur : « Tous les principes établis dans les rapports de Saint-Just, Robespierre se sont anéantis. » (54) Il dénonça les manœuvres de Guffroy et mit le continuité de sa mission dans la balance. « Que le Comité de Salut public ou la Convention nationale se prononce hautement sur la conduite que j’ai tenue dans ma mission ou qu’ils me rappellent. » (55) Lebas fit passer la lettre à Robespierre. Désavoué sur cette affaire, Lebon fut toutefois soutenu, sous conditions, par Barère à la Convention le 21 messidor. Cependant, le ressort était cassé. Lebon fut momentanément oublié car la lutte entre Robespierre et ses ennemis conjurés se dessinait déjà à l’horizon de Thermidor.

Robespierre ne fut certainement pas l’ami fidèle de Lebon, et encore moins son complice. Il le connaissait depuis longtemps et contribua à l’envoyer comme représentant en mission dans le Pas-de-Calais, département redoutable situé non loin de la coalition et des combats, proche de l’Angleterre et des frontières assiégées du Nord et du Pas-de-Calais.

Robespierre, on le sait, fut particulièrement vigilant à rappeler ces proconsuls sanguinaires qui avaient abusés de leur pouvoir en versant inutilement trop de sang comme Carrier à Nantes, Tallien à Bordeaux, Barras et Fréron à Marseille et Fouché à Lyon. En raison de la situation de la guerre, Lebon fut davantage conforté faute de mieux ou d’alternative. Connaissant particulièrement bien le département, il a su s’y rendre indispensable. A partir de Prairial-Messidor, lorsque les dangers de l’invasion s’éloignèrent après la victoire de Fleurus, l’étoile de Lebon pâlit sérieusement et Robespierre et le Comité de salut public envisagèrent de le rappeler, après avoir décidé de supprimer la commission révolutionnaire du Pas-de-Calais par un arrêté du 22 messidor-10 juillet 1794.

Cette situation particulière servit la propagande des thermidoriens. Robespierre et Lebon furent associés dans une même exécration. Arras avait « enfanté deux monstres. » (55) Robespierre devenait responsable de la guillotine fonctionnant à Arras, sa ville natale. Lors du bicentenaire de la Révolution, un membre fondateur des amis de Robespierre (A.R.B.R.), Arsène Duquesne entreprit avec efficacité de démonter cette thèse en s’appuyant sur une critique du rapport Courtois. (56) Aujourd’hui, le rôle de Robespierre est abondamment commenté, et la légende noire, qui n’est pas disparue, est battue en brèche. Quant à Joseph Lebon, il a disparu de la postérité, comme condamné définitivement par l’Histoire.

« La Convention doit me croire mort. » (57)

Ce qui interroge l’historien concernant Lebon, c’est sa profonde et parfaite connaissance du terrain, son immersion dans sa terre natale, l’arrageois et le département du Pas-de-Calais. Son ancrage est son point fort. Le Comité de Salut public le sait. Lebon offre le profil d’un politique local qui effectue une difficile carrière politique nationale. Il ne devient député titulaire à la Convention qu’en juillet 1793, après l’arrestation des Girondins. Il adopte d’ailleurs des attitudes et des positions prudentes à la tribune, presque modérées. Sa nomination comme membre du Comité de Sûreté générale sur une liste de douze membres le 14 septembre 1793 constitue le point d’orgue de sa carrière nationale. (58)

Durant ses différentes missions s’étalant d’août 1793 à juillet 1794, Lebon correspondra extrêmement régulièrement avec le comité de Salut public, cherchant constamment son approbation, lui proposant aussi parfois des suggestions. « A l’abri des rapports qu’il transmet en bonne et due forme, et, en temps et en heure au Comité de Salut public devant lequel il se fait humble et dévoué ; Lebon est un légaliste. » (59) A l’inverse d’autres représentants en mission qui correspondent non seulement avec le Comité de Salut public mais aussi avec la Convention, comme par exemple André Dumont en mission dans la Somme, Lebon n’écrit et ne se justifie qu’avec le Comité de Salut public, ignorant totalement la Convention. Il s’en amuse. « La Convention doit me croire mort, car je ne lui ai pas écrit un seul mot. » (60) Il se sent soutenu par le puissant Comité de Salut public bénéficiant de sa protection et de ses encouragements. Il rédige cette phrase qui résonne un peu bizarrement lorsqu’on connait la fin de sa dernière mission : « J’aime à penser qu’il ne vous parvient aucune plainte sur mon compte et je me tranquillise. » (61) Et effectivement, particulièrement lors de sa seconde mission dans le Pas-de-Calais, qui débute le 29 octobre 1793, le Comité de Salut public lui prodigue de nombreux compliments et une incitation à développer son action révolutionnaire. Ainsi, de la main de Billaud-Varenne ( et signé par Carnot, Billaud-Varenne, Lindet et Barère) : « Rien ne doit faire obstacle à votre marche révolutionnaire ; abandonnez-vous à votre énergie ; vos pouvoirs sont illimités. » (62)

Trois jours plus tard, une nouvelle lettre du Comité de Salut public signée par Barère, Carnot et Billaud-Varenne approuve l’action de Lebon : « Continuez votre attitude révolutionnaire. […] secouez sur les traîtres le flambeau et le glaive. Marchez toujours, sur cette ligne révolutionnaire que vous décrivez avec courage. » (63) Le Comité n’hésite pas à confirmer les décisions prises par Lebon : « Toutes les mesures révolutionnaires vous sont permises ou plutôt recommandées par vos pouvoirs et par le salut de la patrie. » (64) cette lettre est signée par Billaud-Varenne et Carnot.

Après le décret du 14 frimaire an II organisant le gouvernement révolutionnaire, la mission de Lebon est confortée et étendue au département du Nord. « Il te donne un nouveau témoignage de sa confiance ; que ton activité réponde à son choix et le justifie. Tes pouvoirs sont illimités. » (65)

Lorsque Lebon demande des précisions sur la continuation des travaux du Tribunal criminel d’Arras, le Comité répond par l’affirmative. « Il est des circonstances où l’humanité consiste à prendre des mesures extraordinaires et promptes. » (66)

Une première fois, le Comité de Salut public décide de mettre fin à la mission de Lebon au moment où il se décide à rappeler les représentants en mission, particulièrement les plus compromis dans la Terreur. (67) Mais, dès le lendemain, 1er ventôse, le Comité se déjuge et envoie Lebon à Lambres afin de frapper le fanatisme et la superstition. (68) Désormais, Lebon devient le représentant en mission du Pas-de-Calais qui sait se rendre indispensable. Le Comité lui répond alors de moins en moins, l’ayant conforté une nouvelle fois par un arrêté. Il « retournera dans le Pas-de-Calais pour y suivre les opérations déjà commencées ; il pourra les suivre dans les départements environnants. » (69) Cet arrêté est rédigé par Barère et signé par Barère, Collot-d’Herbois, Carnot et Saint-Just. La question brûlante devient le sort des suspects emprisonnés. Lebon désire les transférer à Chantilly dans l’Oise. Le Comité de Salut public finit par s’y opposer en raison de la surpopulation carcérale de Chantilly. Cependant, la confiance en Lebon demeure la règle. « Toutes les mesures révolutionnaires vous sont permises, ou plutôt commandées, par vos pouvoirs et par le salut de la patrie. » (70) Les dangers de la guerre aux frontières justifient la décision du Comité de laisser fonctionner le Tribunal révolutionnaire d’Arras. Les arguments de Lebon ont convaincu le Comité de Salut public. Plusieurs arrêtés du Comité insistent sur cette décision. (71)

Le 16 floréal-5 mai 1794, Lebon arrive à Cambrai afin d’accomplir une nouvelle mission, décidée par le Comité. « J’espère faire le bien à Cambrai, et y inspirer la terreur civique. [...] Le tribunal va, de suite, entrer en activité, et fera justice de tous les traîtres. » (72) Désormais, à quelques réponses mineures près, le Comité se tait et laisse Lebon mettre la Terreur à Cambrai à l’ordre du jour. Cependant, les dénonciations qui pleuvent contre Lebon et qui remontent jusqu’à la Convention s’accumulent. L’arrestation et le transfert à Paris des patriotes d’Arras, connus et respectés comme révolutionnaires prononcés achèvent de semer le trouble au sein des conventionnels. On s’interroge désormais sur les abus de Lebon lors de ses missions. Le Comité de Salut public doit le défendre mais en reconnaissant cependant que les mesures prises pour le salut de la patrie étaient parfois dures et inappropriées. « Les formes qu’il a employées ont été un peu acerbes. » (73) La chute n’est pas loin. Elle sera instrumentalisée avec celle de Robespierre par ceux-là mêmes qui l’applaudissaient et le poussaient à en faire plus. Lebon devient un « repoussoir sanglant identifié à Robespierre. » (74) par les thermidoriens. Aux yeux de la postérité « son nom reste attaché à la répression des menées contre-révolutionnaires. » (75)

Des missions protéiformes.

Courtois croit déceler les crimes de Lebon dans sa propre correspondance. « Signalons cet affreux Joseph Lebon, qui peint si bien lui-même son caractère sanguinaire dans ses lettres. » (76) L’étude de ses nombreuses lettres envoyées au Comité de Salut public permet de connaître l’étendue des actions du représentant du peuple en mission. Elles sont extrêmement diverses et ne se limitent pas à l’élimination des condamnés par la guillotine. (77)

La première mission de Lebon est celle d’un adjoint. (78) En effet, un arrêté pris en commun des Comité de Salut public et de Sûreté générale du 24 juillet 1793 envoyait André Dumont (79) et François Chabot (80) à Amiens et dans le département de la Somme afin de « calmer les mouvements qui se sont manifestés à Amiens relativement aux subsistances. » (81) Le 9 août 1793, un décret de la Convention remplace Chabot par Lebon au côté de Dumont. De plus la mission est étendue aux villes du Pas-de-Calais de Boulogne et Montreuil. (82) La priorité de leur mission, comme le leur rappelle le Comité de Salut public à plusieurs reprises ( 83) est d’assurer le ravitaillement des subsistances pour les soldats aux armées et les populations civiles. Les deux représentants s’acquittent au mieux de cette importante mission relative aux subsistances en arrêtant notamment des accapareurs à Amiens (84) et en s’attaquant à un « complot affreux tramé par les accapareurs et les scélérats qui ont juré la perte de la patrie. » (85) En effet, selon Lebon « les cultivateurs ne doivent semer que très peu de blé afin de réussir à affamer. » (86)

Dans ses missions futures, Lebon sera toujours attentif aux subsistances et à la pauvreté qu’il désire éradiquer. Il donnera un contenu social à ses décisions qui perdurera dans la mémoire comme étant celui d’un précurseur du socialisme. « Symbole […] d’une République qui distribuait le pain bon marché et les fonctions politiques aux militants modestes. » (87) Il s’attaqua aux riches et gros fermiers de Calais, destitua de « gros aristocrates » (88), parla souvent de « sainte égalité » (89), déplora la puissance des Seigneurs et des gros propriétaires sur le peuple grâce à leurs subsistances , et notamment sur les campagnardes éplorées et miséreuses. « Il est indécent de voir des communes entières regretter les maîtres pour un morceau de pain » (90) se lamentait-il. Lebon prendra des arrêtés afin de forcer les autorités locales, parfois récalcitrantes, à subvenir aux besoins de leur population. (91) Il compte sur la saisie des biens des suspects détenus pour assurer la redistribution des richesses vers les plus pauvres, mesure inspirée largement des décrets de ventôse an II présentés à la Convention par Saint-Just. (92) Lebon lutta également contre la mendicité qu’il fit interdire lors de sa mission à Cambrai. Prémonitoire et prophétique quant à l’insuffisance des acquis sociaux pour les pauvres de la Révolution, il écrivit cette phrase lourde de sens dans une lettre destinée à Saint-Just et Lebas : « Cambrai voit encore un grand nombre de mendiants dans son sein ; ce spectacle fait douter si la Révolution existe. » (93)

Il se fit également le transmetteur des revendications des employés des fermes d’octroi de Cambrai réclamant par pétition de justes indemnités. (94) Il se fit aussi le porte-parole des prêtres défroqués « sans ressources et miséreux » (95), se considérant quelque part comme l’un d’entre eux.

Le représentant en mission Florent Guiot à Arras, après Thermidor et l’arrestation de Lebon constatait d’ailleurs que la question des subsistances était cruciale dans le Pas-de-Calais en général et plus particulièrement à Arras. Il dut faire face à de nombreux troubles d’ordre public et de propriété sur les marchés d’Arras et constata consterné que certains n’hésitaient pas à clamer « au peuple que du temps de Joseph Lebon, le peuple d’Arras ne manquait de rien. » (96)

Il est significatif que de nombreux révolutionnaires de la mouvance de Lebon, Darthé de Saint-Pol étant le plus célèbre, se retrouvèrent ensuite dans la conjuration des Égaux de Babeuf, première expérience d’un « communisme primitif. » Un historien avance l’idée que c’est justement la lutte menée contre les accapareurs lors de sa première mission en compagnie d’André Dumont qui précipita Lebon dans l’exagération. « C’est sans doute son envoi en mission le 9 août 1793 dans la Somme avec André Dumont, la lutte qu’il doit mener contre les accapareurs pour assurer les approvisionnements militaires qui radicaliseront ses opinions. » (98) Député montagnard haut en couleur extrêmement excessif, violemment anticlérical et déchristianisateur avant l’heure (99), Dumont représentant en mission inamovible de la Somme durant plus de neuf mois ( de juillet 1793 à avril 1794) désigna rapidement les ennemis de la Révolution : les étrangers ( les anglais avant tout), les prêtres et les femmes complices. (100) La proximité de la Somme, du Nord et du Pas-de-Calais avec l’Angleterre était une donnée essentielle de ces missions. Elle exacerbait la méfiance devant des trahisons jugées manipulées par le génie infernal de l’Angleterre. Lors de sa seconde mission dans le Pas-de-Calais, Lebon se précipita à Calais, ville de tous les dangers, point de passage avec l’Angleterre et lieu supposé de tous les « complots de l’étranger. » (101) Ces complots alimentèrent, parfois avec raison, les débats et les décisions des révolutionnaires.

Lebon découvrit au bureau de poste de Calais cinquante mille lettres stockées, rédigées par des aristocrates et des fédéralistes. Les lire, les trier, les classer, dégager les véritables complots et les envoyer au Comité de Sûreté générale devient une tâche de longue haleine extrêmement prenante pour Lebon. Il résume ainsi les complots préparés : « Voulez-vous connaître le grand espoir que nos contre-révolutionnaires fondaient sur la famine, la peste et les révoltes départementales. » (102) Trois jours plus tard, Lebon envoie au Comité de Salut public une caisse remplie de poignards découverte elle-aussi au bureau de la douane de Calais. Destinés à une véritable conjuration contre les patriotes, ces poignards avaient été envoyés par Pitt en 1792. « Les poignards étaient tous préparés au crime. » (103) Après la découverte de ces complots, Lebon ne cessera de traquer et de démasquer des espions, des traîtres et contribuera à la mise en place d’une ligne exagérée du gouvernement révolutionnaire. Il tentera même d’instruire le procès du secrétaire de son collègue Bollet, député du Pas-de-Calais, devenu suspect. (104) De la même façon, il traquera les lettres contre-révolutionnaires qui circulaient dans la prison de la citadelle de Doullens avec la complicité, pensait-il, du commandant Buchot. « Les suspects détenus conspiraient. […] J’étendrai les bras dans les départements voisins, et je ramasserai cette tourbe exécrable d’ennemis du peuple. » (105)

L’arrestation de Buchot s’effectue par Dumont.

Ce qui fait de Lebon un représentant précieux sachant se rendre incontournable dans le département du Pas-de-Calais, c’est indiscutablement sa connaissance du terrain, du territoire, de ses villes, de ses campagnes, et des personnels révolutionnaires locaux, ceux des Sociétés populaires, des administrations publiques. Il connaît particulièrement bien l’Artois, Arras et Saint-Pol, et bénéficie de puissants relais à Béthune et plus encore à Saint-Omer. Il connaît les enjeux des pouvoirs locaux (106) et peut donc jauger facilement les situations forcément compliquées de cette époque particulière où la surenchère et la démagogie sont souvent utilisées pour donner le change. Cette connaissance du pays va aider Lebon à démasquer les faux-patriotes. Il se méfie du « maratisme universel, une mascarade. » (107) Parfois, il lui est extrêmement difficile de démêler les vrais des faux révolutionnaires, comme à Béthune où il voit « les contre-révolutionnaires en bonnet rouge aux maximes anarchiques. » (108) Il hésite pourtant, ce qui n’est pas un trait habituel de son caractère : « Je m’y perds en vérité, et je sèche de douleur. » (109) Se reprenant, avec un vocabulaire médical copié sur celui utilisé constamment par André Dumont, il annonce : « Demain, grande médecine à la Société populaire de Béthune, renvoi ignominieux au Comité de surveillance de tous ces individus. » (110) Les épurations des Sociétés populaires sont extrêmement sévères. Ainsi Darthé signale à Lebas que la Société populaire régénérée d’Arras ne compte plus, fin ventôse an II, que 63 membres au lieu de trois à quatre cents. Parmi ceux qui ont pu passer avec succès le scrutin épuratoire figurent les deux Robespierre, Lebon, Guffroy et Darthé. (111) A Boulogne, la Société populaire épurée n’est plus composée que de 77 membres sur trois cents personnes qui la composait avant le scrutin. (112) Lebon appliquerait scrupuleusement les ordres du Comité de Salut public sur l’épuration des Sociétés populaires, et envoie en temps et en heure les listes de ceux « qui ont résisté à l’épuration dans le Pas-de-Calais. » (113) Il n’a pu en faire de même dans le Nord, les communes de Landrecies, Bergues, Hazebrouck et Lille n’ayant même pas répondues à ses demandes. Douai n’est pas « universellement bien. » (114) A Saint-Omer, Lebon a constaté la mauvaise volonté de la Société populaire réticente envers les représentants en mission. « Il fallait arriver à Saint-Omer pour acquérir la triste, mais utile certitude des nouveaux complots tramés contre la République. […] Le système dominant, l’avilissement de la représentation nationale, était ici à l’ordre du jour. » (115) La société est alors épurée.

Vicaire défroqué lui-même, Joseph Lebon ne fut pas, tout d’abord un déchristianisateur forcené comme l’était son collègue Dumont qui déversait des torrents d’insultes ignobles à l’encontre des ecclésiastiques, réfractaires comme constitutionnels. Son influence fut sans doute importante sur l’évolution de Lebon dans un contexte d’hostilité à la religion. Le 19 août 1793, au début de sa première mission, Dumont et Lebon fouillent une maison où un ecclésiastique recherché s’est réfugié. (116) Lors de sa venue à Hesdin, fin brumaire, Lebon décide de mettre en arrestation les prêtres du secteur, particulièrement suspects. « Le mouvement imprimé contre la prêtaille me paraît ne pouvoir être contrarié sans danger. En conséquence, j’incarcère sur-le-champ tous les curés et autres qui s’avisent de blâmer leurs ci-devant confrères et voudraient retarder la marche de la raison et de la philosophie. » (117) Il constate également qu’ « une multitude de muscadins [sont] devenue ecclésiastiques pour échapper à la réquisition. » (118) Il les renvoie aux armées. Paradoxalement, des députés qui s’opposent à lui ( Guffroy, Duhem) le dénoncent à son tour comme ci-devant prêtre. (119) Parmi les condamnés à mort guillotinés figurent de nombreux religieux, ce qui restera largement attaché à la mémoire noire de Lebon. Ainsi, par exemple, cinq individus envoyés au tribunal révolutionnaire de Cambrai « par une prétendue sainteté et de prétendues résurrections. […] Leurs saintetés ont été guillotinées. » (120) Cela lui rappelle « le plan de contre-révolution de la Mère de Dieu. » (121) Cependant, comme on l’a vu, Lebon n’hésitera pas à réclamer des indemnités décentes pour payer des ecclésiastiques déprêtrisés n’ayant aucune ressource. (122) Le Comité de Salut public lui donnera raison. (123)

Les relations entre Lebon et les autres représentants en mission sont très souvent tendues et conflictuelles. Bien souvent, ce sont des querelles dues à des questions de prérogatives et d’exercice du pouvoir qui se contredisent et s’opposent. Avec André Dumont, son collègue de la première mission dans la Somme, la situation semble équilibrée. Mais rapidement, après l’affaire de Pernes fin août 1793, Lebon doit revenir à la Convention afin de donner des renseignements au Comité de Salut public. La décision est alors prise de conserver Lebon au sein de la Convention et de laisser Dumont terminer seul la mission dans la Somme sans doute au grand contentement de ce dernier. (124) Dumont sera l’un des procureurs les plus implacables contre Lebon après Thermidor, d’autant plus acharné à sa perte qu’il avait tout intérêt à détourner l’attention vers un autre proconsul que lui-même. Après une hésitation sur son département d’intervention ( L’Oise initialement désignée incombera finalement à Levasseur de la Sarthe qui se brouillera lui-aussi avec Dumont.) (125), Lebon obtiendra des pouvoirs illimités dans le Pas-de-Calais. Il peut s’appuyer sur le député du Pas-de-Calais Ernest Duquesnoy, natif de Bouvigny-Boyeffles qui interviendra particulièrement dans le secteur d’Aire et de Béthune. (126) Ce dernier insistera sur la présence indispensable Lebon dans le Nord et le Pas-de-Calais « pour achever de détruire la fanatisme, auquel il a porté des coups terribles. » (127) A l’inverse, Lebon se heurte à de nombreux collègues. Représentants aux frontières du Nord, Châles et Isoré seraient coupables de mauvaises mesures. Châles accuserait Robespierre et Lebon. Isoré nierait le danger du fédéralisme, ce qui scandalise Lebon. « C’est égarer les patriotes que de leur faire craindre le fédéralisme. […] Qu’il faut être maladroit pour écrire cette phrase innocemment. » (128) Ayant reçu le département du Nord en plus de celui du Pas-de-Calais lors de l’arrêté du 9 nivôse- 29 décembre 1793 (129) qui met en application le décret du 14 frimaire organisant le gouvernement révolutionnaire, Lebon voit ses activités décuplées. « Je reprends dès ce moment une nouvelle vie pour suffire à la nouvelle besogne dont vous me chargez. Je ferai de mon mieux. » (130) Il a d’ailleurs constaté une offensive des fédéralistes à Lille. « Le fédéralisme se ranime et ressuscite à Lille. » (131) Il publie un arrêté concernant les fonctionnaires des Sociétés populaires du Nord et s’attire les foudres du représentant sur place, Florent Guiot qui annule l’arrêté de Lebon et lui envoie une longue lettre de reproches. Vexé, Lebon lui répond : « Ta lettre m’a paru dix fois trop longue. Puisque tu as cru devoir suspendre l’exécution de mon arrêté, qu’elle soit suspendue, et même qu’elle n’ait jamais lieu. Je ne prendrais aucune mesure ultérieure dans le Nord, et je m’en tiens à mon coup d’essai. » (132) Au Comité de Salut public, Lebon met en garde contre ces querelles de représentants en mission. « Il n’en faudrait pas davantage pour allumer une guerre de représentants. » (133) Lebon demande alors de n’être chargé que du seul Pas-de-Calais et à être déchargé du Nord « Ce département du Nord, où je n’entends rien. » (134) Florent Guiot succèdera à Lebon en l’an III dans le département du Pas-de-Calais, à Arras et à Boulogne notamment. Il n’aura de cesse de dénoncer « le régime affreux de Lebon. » (135) Malgré sa demande, Lebon ne sera pas relevé du département du Nord, mais au contraire sera chargé d’épurer et de détruire les contre-révolutionnaires de la ville de Cambrai, mission qui s’étend de floréal à messidor an II, et qui contribuera à la mémoire sanglante de Lebon. Un dernier représentant se retournera finalement contre Lebon et pèsera lourd contre lui, Guffroy.

« Ils voulaient nous faire passer pour des assassins tout dégoutants du sang innocent. » (136)

En dénonçant les calomnies de Guffroy au moment où de multiples récriminations remontaient des populations du Nord-Pas-de-Calais vers la Convention, Darthé, fidèle de Lebon comprenait que l’enjeu dépassait le seul moment révolutionnaire pour charger leurs noms pour la postérité de tous les affres et excès de la Révolution. Lebon, assassin tout dégoutant de sang innocent ? C’est bien finalement cette terrible image qui s’imposera définitivement après Thermidor et se fixera au XIXe siècle. La figure elle-même de Joseph Lebon, disions-nous, finira par être effacée, gommée après la seconde guerre mondiale, aucun historien n’ayant voulu entamer un quelconque travail de compréhension, encore moins, bien sûr, de réhabilitation, à l’inverse d’autres figures révolutionnaires. Circonscrit à la seule région Nord-Pas-de-Calais, représentant en mission local sans stature nationale, Lebon, le mal nommé, est devenu la victime de ses victimes et de leur mémoire souvent entretenue dans des récits romancés ou contre-révolutionnaires suscitant la compassion et le dégoût de leurs bourreaux. Sa rigueur extrême est dénoncée, même par les historiens les plus impartiaux. « Son manque de discernement, un goût certain pour le pouvoir l’entraînent à des rigueurs souvent injustifiés, près de 550 condamnations auxquelles s’ajoutent une centaine de suspects morts en détention. » (137) Au mieux, il serait un missionnaire exagéré qui n’accomplit sa mission qu’en utilisant une répression systématique ou aveugle, au pire un sadique à classer dans la catégorie des Carrier. La postérité a conservé cette anecdote peut-être apocryphe qui le condamne définitivement, celui d’un spectateur privilégié des exécutions, jouant du violon tandis que le bourreau guillotine les condamnés, sorte de Néron des temps modernes. Peut-on donc dans ces conditions rouvrir le dossier Lebon ?

Lebon est un légaliste demandant constamment l’aval de ses décisions au Comité de salut public. Régulièrement, sentant poindre un reproche ou seulement un léger manque de soutien, il demande à être relevé et à rentrer au sein de la Convention.

Sa gestion des prisons d’Arras de plus en plus surchargées mérite d’abord une attention particulière. En novembre 1793, au moment de son arrivée dans le Pas-de-Calais, il constate que les prisons du département regorgent. Voulant agir rapidement et « frapper de stupeur les intrigants » (138) il menace en fanfaronnant « Vite, vite, vite, une bonne mesure qui fasse tomber les têtes des contre-révolutionnaires. » (139) Encouragé par le Comité de Salut public, multipliant les arrestations de suspects, il demande l’autorisation de faire évacuer les prisons par le tribunal criminel du département, futur tribunal dit révolutionnaire. (140) Le comité lui accorde cette autorisation par les signatures de Billaud-Varenne et de Carnot. « à donner des ordres au tribunal criminel pour l’évacuation des prisons. » (141) et lui réaffirme la possibilité d’utiliser toutes les mesures révolutionnaires. A partir du 1er frimaire, la terreur se met donc en place dans le Pas-de-Calais. « Le tribunal criminel du Pas-de-Calais juge sans relâche et révolutionnairement tous les délits contre la chose publique. Une douzaine de têtes sont déjà tombées sous le tranchant de la guillotine permanente. » (142)

De multiples arrestations s’accélèrent. Cependant, et contrairement sans doute à l’image figée que la postérité a gardée de lui, Lebon a également décidé de libérer des prisonniers, des cas individuels comme l’agent des États-Unis Coffin arrêté par le Comité de surveillance de Dunkerque puis transféré à Arras. (143) Mais les libérations les plus spectaculaires concernent près de trois cents soldats emprisonnés pour avoir abusés des permissions et d’être ainsi considérés comme étant des déserteurs. Ils retourneront ensuite à l’Armée du Nord. Lebon explique qu’il a le cœur soulagé par cette « clef des champs donnée. » (144) S’appuyant sur sa décision, Lebon suggère même au Comité de Salut public une amnistie en faveur des militaires déserteurs peuplant les prisons à cause d’une loi sur l’incorporation accordant trop de permissions. Les sortir de prison, c’est également renforcer l’armée républicaine qui se bat aux frontières. « Des multitudes de déserteurs peuplent les prisons et risquent d’y périr. » (145)

Le problème des prisons surchargées est de plus en plus aigu. A Arras, la situation est critique. La ville devient par décision du Conseil exécutif ( les ministres) un lieu de rassemblement des déserteurs étrangers de l’armée du Nord. Lebon en est consterné. « Les ennemis de la liberté française sont ici dans la citadelle, tout près de nos magasins. Juste dieu ! Parlez, ne souffrez pas qu’à l’ombre de votre nom on prépare ici de nouveaux malheurs à la patrie. » (146) Lebon se décide alors à demander l’évacuation de « l’énorme multitude des gens suspects arrêtés. » (147) à Arras vers Chantilly dans l’Oise. Il évoque les « prisons peu sûres » (148) d’Arras « trop voisin des frontières et qui renferme des magasins trop précieux. » (149) Six jours plus tard, devant l’absence de réponse du Comité, Lebon réitère sa demande et la justifie par l’impossibilité de déférer de nouveaux suspects faute de place dans les prisons arrageoises surchargées. « Que font à Arras les Anglais et déserteurs qu’on y a rassemblés ? » (150) Assez sèchement, le Comité de Salut public lui répond par la négative. « Il y a beaucoup de détenus à Chantilly. Le Comité t’invite à consulter sur l’embarras qui pourrait en résulter. Ce ne serait peut-être que prévenir un inconvénient pour retomber dans un autre. » (151) C’était renvoyer à Lebon le problème énorme de la surpopulation carcérale et toutes les difficultés afférentes, la promiscuité, l’insalubrité, les maladies, les épidémies. Une centaine de suspects mourront d’ailleurs dans les prisons d’Arras et de Cambrai sous le « règne de Lebon. » L’accélération de la Terreur apparaît donc comme une nécessité, comme étant la seule solution afin de désengorger les prisons. Lebon l’explique sans détours. « Je prendrai d’autres mesures, puisque celle-ci est inadoptable. La guillotine, si elle continue son même train, débarrassera peu à peu nos maisons d’arrêt. » (152)

Lebon manifeste d’ailleurs une idée fixe, celle d’éviter l’incarcération trop longue de prisonniers suspects. Il est favorable à des procès rapides et à un fonctionnement zélé du Tribunal révolutionnaire. Les verdicts seraient d’ailleurs très tranchés, l’innocence acquittée ou le coupable exécuté. Lebon ne constitue pas une exception. Les dirigeants révolutionnaires suivront cette idée de l’accélération de la justice révolutionnaire. La mise en place de la Commission révolutionnaire d’Orange et surtout l’adoption de la loi du 22 prairial- 10 juin 1794 en sont les exemples les plus significatifs. (153) Cependant Lebon présente cela de manière très claire. Il s’agit de vider rapidement les prisons qui s’engorgent car « D’un côté, l’innocence souffre de l’air infect de la plupart des maisons d’arrêt ; de l’autre la guillotine perd sa proie, attendu que plusieurs grands prévenus meurent entre les bras des geôliers. » (154) Lebon répète ses propos, lorsqu’il se décide en ventôse d’évacuer la prison malsaine dite du Rivage : « Il faut que le contre-révolutionnaire n’échappe pas à la guillotine, en mourant dans les bras d’un geôlier. Il faut que l’innocence ne souffre pas de l’air infect d’une prison. » (155)

Lebon fut chargé également de régler l’affaire des militaires prévenus pour désobéissance, du 11e bataillon de Paris, dit des Tuileries. Le Comité par la main de Carnot l’«  investit de pouvoirs illimités pour tout ce qui a rapport à cet objet. » (156) Lebon signale tout d’abord qu’il préfère se référer à la justice révolutionnaire plutôt qu’à la justice militaire pour ces actes d’insubordination de soldats. « Juger révolutionnairement. » (157) Finalement, Lebon fera preuve de mansuétude et expédiera le bataillon sur Lille pour incorporation, à l’exception de 116 militaires suspects sur lesquels des renseignements sont demandés. Sur ces derniers, Lebon constate de nombreux « pauvres bougres » : « Une vingtaine de marmousets et sept à huit piliers d’hôpital avec invalidité constaté et reconstaté. » (158)

Malgré ces décisions relativement modérées, l’image de Lebon reste associée à la guillotine. (159) Dès le début de sa première mission, dans la Somme en août 1793, Lebon se retrouve confronté à une grande révolte contre-révolutionnaire, celle de la « petite Vendée de Pernes » que Lebon exagère sans doute « Une Vendée plus dangereuse que la première ». (160) Lebon passait alors à Saint-Pol pour se rendre à Doullens. Il apprend qu’une révolte de quatre cents brigands est rassemblée dans les bois de Pernes et de Nédonchel. « Des scélérats forment des rassemblements. Ils ont coupé l’arbre de la liberté, désarmé les patriotes et arraché les cocardes nationales. » (161) Déjà très légaliste, Lebon ne peut intervenir immédiatement. Il avertit les représentants présents à Arras qu’il vient leur proposer une forte riposte. « Je connais le pays, si les mesures ne sont pas prises très promptement le mal sera incurable. » (162)

Lebon est alors chargé de mener un détachement de six cents hommes afin de combattre ces contre-révolutionnaires de Pernes. Le 27 août 1793, le député Collombel, représentant à l’armée du Nord annonce à la Convention et au Comité de Salut public le succès de l’expédition de Lebon. Cent cinquante contre-révolutionnaires sont pris. Lebon a écrit d’envoyer au plus vite le tribunal criminel à Saint-Pol avec la guillotine. C’est la première fois que le nom de Lebon est associé à la guillotine. (163) Lebon prend alors des mesures efficaces qui seront particulièrement appréciées à Paris. « Une douzaine [ de révoltés] reste sur le carreau, les autres sont mis en fuite, poursuivis et arrêtés pour la plupart ; la guillotine arrive avec le tribunal criminel et l’information commence. Déjà deux des principales têtes sont tombées hier. » (164) C’est sans nul doute pour rendre compte de cette affaire que Lebon revient à Paris. Le Comité de Salut public décide d’ailleurs de suivre ses recommandations et d’envoyer à Saint-Pol et Pernes deux instituteurs publics de Beaune que Lebon connaît bien, Scillemans et Varnier afin « d’éclairer les habitants sur les avantages de la Révolution et sur les manœuvres de nos ennemis intérieurs. » (165) L’efficacité de Lebon a été particulièrement appréciée et c’est pour cela qu’il est retenu pour assurer d’ autres missions délicates de ce type, à Beauvais dans l’Oise (166), finalement abandonnée (167) et remplacée fin octobre 1793 par celle d’Aire et du Pas-de-Calais. (168) L’action de Lebon se concentre d’abord sur Calais où il multiplie les destitutions, les épurations et les arrestations. Le Comité de Salut public l’encourage et applaudit ses travaux : « Secouez sur les traîtres le flambeau et le glaive. Marchez toujours, sur cette ligne révolutionnaire que vous décrivez avec courage. » (169) A Hesdin, Lebon décide que « Tous délits contre la chose publique seront jugés révolutionnairement, de quelque nature qu’ils soient. » (170) Après l’autorisation du Comité de prendre toutes les mesures révolutionnaires recommandées par le salut de la patrie, Lebon annonce que « le branle est donné. […] Le tribunal révolutionnaire établi à Arras ne dort plus [étant] sans cesse en action. » (171) Et Lebon d’énoncer les brigands cachés, les traîtres sous le masque du républicanisme et les fonctionnaires prévaricateurs. Ayant rassemblé de multiples suspects à Béthune, aidé de Duquesnoy, Lebon demande au Comité de Salut public de confirmer leurs arrêtés pour « expédier des scélérats révolutionnairement. [...] Confirmez nos arrêtés, ou nous allons faire pleuvoir au Tribunal révolutionnaire à Paris. […] Nous sommes inondés d’un tas de vauriens, civils et militaires, que nous avons envoyés à Arras pour y subir la peine de leurs crimes contre la République. » (172) Rentré à Arras au début de l’année 1794, Lebon semble pourtant douter et cherche à nouveau le soutien du Comité de Salut public. Il demande à être relevé et à rentrer à Paris. (173) Il paraît désabusé et se plaint des élargissements de suspects décidés par les représentants en mission Isoré et Laurent. Quelques jours plus tard, il réclame des précisions sur le devenir du tribunal révolutionnaire d’Arras : doit-il désormais continuer à fonctionner ? (174) Le Comité répond par l’affirmative à « juger révolutionnairement les contre-révolutionnaires par le tribunal criminel du département. » (175) A cette date, des rivalités se multiplient entre représentants s’appuyant sur les patriotes locaux. Un militant de Saint-Omer, ferme appui de Lebon, écrit à Darthé : « [ Il y a un] système de calomnie contre Lebon. […] Il ne s’agit rien de moins que de le faire passer pour un persécuteur des patriotes. » (176) Duhem appuie les attaques contre Lebon qui demande une nouvelle fois à être rappelé.

Selon les historiens, l’affaire de la condamnation et de l’exécution du ci-devant comte de Béthune-Perrin semble être un tournant dans la mission de Lebon. (177) Critiquant totalement le jugement du Tribunal, il évoque les subterfuges utilisés pour finalement le guillotiner et écrit une lettre pleine de ressentiments au Comité de Salut public : « Le contre-révolutionnaire, l’infâme Béthune fut blanchi où le patriote et le pauvre auraient péri cent fois. Imaginez, si vous le pouvez, mon indignation. […] Cette journée m’a fait faire de grandes réflexions sur le danger des jurés ordinaires, quand il s’agit d’exterminer cette bande de conspirateurs de tous grades dont les départements frontières sont inondés. […] Mon énergie s’est triplée en cette circonstance ; je n’ai vu que la multitude des scélérats contre lesquels je suis envoyé. » (178)

La méfiance vis-à-vis des jurés et des personnels du Tribunal trop enclins à la clémence, l’impression qu’il existe une justice de classe, la colère, énorme source de nouvelle motivation de sa mission sont désormais les sentiments qui exaltent Lebon. De cette exécution qui apparaît finalement comme un règlement de compte personnel, Lebon va en faire une ressource énergétique nouvelle et créer ainsi son personnage de fanatique sanglant. Courtois insiste sur le caractère odieux du personnage : « Voyez avec quelle légèreté, avec quelle joie, il envoie les innocents à la mort, ce Lebon. » (179)

Les historiens qui lui sont très majoritairement hostiles insistent sur sa psychologie dérangée : « Son zèle révolutionnaire relève de la pathologie médicale. Il remplit les prisons, nourrit la guillotine avec un plaisir non dissimulé. » (180) Dans ses lettres, Lebon change de ton. Il paraît plus impliqué et détaille plus souvent ses victimes et les circonstances de leur mort. Après quelques rivalités avec le député Guiot, le Comité de Salut public décide de le rappeler le 30 pluviôse et à « rentrer le plus tôt possible au sein de la Convention. » (181) Cependant, dès le lendemain, le Comité se déjuge et lui demande une intervention à Lambres afin «  d’éclairer le peuple. Le fanatisme s’agite ainsi que la superstition. Assure-toi de ceux qui l’égarent, arrête et frappe. » (182) Tous ces arrêtés et lettres du Comité, Lebon les reçoit parfois plus de dix jours après leur rédaction. Il se plaint de tous ces ordres apparemment contradictoires. (183) Il décide alors de se rendre directement à Paris, au Comité de Salut public, et en repart à nouveau ragaillardi et conforté par un arrêté du Comité rédigé par Barère. « [Lebon] retournera dans le Pas-de-Calais pour y suivre les opérations déjà commencées ; il pourra les suivre dans les départements environnants. » (184) Il doit également trouver « les traîtres qui trompent le peuple pour l’égorger ensuite. » (185)

Lebon annonce que la sœur du ci-devant comte de Béthune a été guillotinée le 10 mars 1794. Elle « a éternué dans le sac » (186) selon un vocabulaire imagé voisin de celui du Père Duchesne. (187) Après un court passage de nouveau à Paris, Lebon revient plus motivé que jamais. Darthé l’évoque à Lebas : « [Lebon est] transporté d’une sainte fureur contre l’inertie qui entravait les mesures révolutionnaires. […] La guillotine ne désempare pas. » (188)

Lebon annonce ensuite la condamnation à mort et l’exécution de divers suspects dont un émigré, le ci-devant baron de Coupigny, et un royaliste distributeur de faux assignats, l’ex- conseiller Hénart. (189) En germinal, Lebon annonce que « le tribunal a condamné dans la dernière décade vingt conspirateurs à la peine de mort. » (190) Darthé insiste : « Il y a ici une foule de conspirateurs, à qui il ne faut pas laisser un seul instant pour respirer. » (191) Conforté par l’arrêté du Comité ordonnant la continuation du tribunal révolutionnaire d’Arras, Lebon exulte : « Plus nous frappons de rudes coups, plus nous avons de pièges à éviter et d’hommes faibles à encourager contre les tentations des malveillants. » (192) « Depuis votre arrêté du 30 germinal, 32 contre-révolutionnaires de ces environs ont disparu du sol de la liberté, et la prison des Baudets regorge encore. » (193)

En floréal, Lebon est chargé de mission à Cambrai afin d’éliminer les contre-révolutionnaires. Il entretient avec Saint-Just et Lebas une correspondance permettant la justification de son action. « Le tribunal va, de suite, entrer en activité, et fera justice de tous les traîtres. » (194) « Demain, je l’espère, le tribunal sera en pleine activité. […] La guillotine s’élève en ce moment sur la grande place. » (195) Lebon énumère la liste de ses victimes : une riche dévote, un banquier millionnaire, une marquise, trois espions et cinq ci-devant. « La machine est en bon train, je l’espère ; l’aristocratie tremble. […] Les fonctionnaires prévaricateurs ne m’échapperont pas. []une guerre à mort est livrée aux espions qui pullulent dans cette place. Messieurs les parents et amis d’émigrés et des prêtres réfractaires accaparent la guillotine. » (196)

Contesté depuis l’arrestation des patriotes d’Arras dont l’adjudant général Leblond « à qui la guillotine déplaît sans doute » (197), Lebon se sent progressivement lâché. Il réagit donc en conséquence : « Il est essentiel que le Comité de Salut public ou la Convention nationale se prononce hautement sur la conduite que j’ai tenue dans ma mission ou qu’ils me rappellent. » (198) Adressée à Lebas, la lettre est transmise à Robespierre, qui ne répond pas visiblement. Mis en cause dans son rôle de missionnaire, Lebon est défendu mais assez mollement par Barère à la Convention. Plus prudent et procédurier que jamais, Lebon ne cesse de présenter au Comité de Salut public des cas particuliers ( Français de 19 ans prisonnier puis libéré, détenu de 17 ans ayant suivi Dumouriez dans sa désertion puis revenu comme déserteur de l’armée autrichienne.) (199)

Agacé, Le Comité de Salut public renvoie ces questions particulières à un jury militaire classique. (200)

Dans une ultime lettre, fin messidor, Lebon annonce que « le tribunal a cessé ses fonctions » (201) et ajoute cette phrase comme justification : « Je n’ai rien négligé, en annonçant ce changement de choses, pour déconcerter les espérances coupables qu’il pourrait faire naître dans l’âme des aristocrates. » (202)

Et de fait, le Comité de Salut public avait fini par trancher. Un arrêté signé par Barère, Prieur de la Côte d’Or, Billaud-Varenne, Carnot et Saint-Just daté du 22 messidor-10 juillet 1794 mettait fin à la Commission révolutionnaire d’Arras, devant cesser ses fonctions, traduisait au Tribunal révolutionnaire ( de Paris) tous les prévenus de contre-révolution, ordonnait à Lebon de livrer au Comité de Salut public tous les renseignements et papiers dont il dispose sur les complots contre la République et les intelligences entretenues par les ennemis du peuple avec l’étranger et proposer au Comité les mesures qui doivent compléter sa mission. Afin de ne pas discréditer totalement Lebon, le Comité ajoutait : « Les succès des armées sur les frontières du Nord permettent de faire disparaître les mesures de police locale pour les rattacher au centre du gouvernement révolutionnaire ; les exemples de sévérité donnés à Cambrai ont produit un effet utile aux succès des armées de la République. » (203) La mission de Lebon était terminée.

Le bilan humain des deux tribunaux révolutionnaires (Arras et Cambrai) a été estimé assez précisément. Pour Arras, 391 victimes et 143 pour Cambrai. On peut y ajouter une centaine de personnes décédés dans les prisons. (204)

« Quand on a combattu pour la Révolution au moment du péril, on ne doit plus avoir rien à désirer. » (205)

Dès le début de la réaction, après la chute de Robespierre, les thermidoriens, on le sait, chargèrent les vaincus de tous les excès de la Révolution afin de se laver de leurs propres responsabilités. Ils réécrivirent l’histoire de la Terreur à leur avantage n’hésitant pas à calomnier les guillotinés de la veille. (206) Lebon allait être immédiatement sacrifié à cette nouvelle politique, d’autant plus rapidement que de nombreuses voix montaient déjà vers la Convention depuis des mois pour le dénoncer.

Deux jours après son arrestation, le représentant en mission Choudieu dressa un terrible réquisitoire contre Lebon et ses hommes en décrivant ainsi ses personnels du tribunal révolutionnaire d’Arras :

« J’ai vu des membres de ce tribunal ; ils ont plutôt l’air de bourreaux que de juges ; ils se promènent dans les rues avec une chemise décolletée et un sabre traînant toujours à terre. Enfin ils montent au tribunal en annonçant que l’affaire de tel ou tel « va être expédiée et que bientôt on les verra passer pour aller à l’échafaud. » […] Ce tribunal est maintenant dans le ville de Cambrai, où il a été conduit par le représentant du peuple Lebon, qui en était en quelque sorte le président. » (207)

« Il existait à Arras un tribunal révolutionnaire, que tous les patriotes des villes que j’ai parcourues appellent un tribunal de sang, qui est redouté au point que les voyageurs allongent leur route de quinze à vingt lieues pour ne pas passer dans la ville d’Arras. » (208)

La postérité était fixée et la mémoire de Lebon vouée aux gémonies de l’Histoire. Elle subissait une même « réprobation mémorielle » que celle de Robespierre. Il y avait en effet beaucoup de « commodité thermidorienne » à associer et à englober les deux artésiens. La réalité était pourtant beaucoup plus complexe et si responsabilité gouvernementale il y a, elle incombe sur le collectif du Comité de Salut public. De même, « l’autonomie » de Lebon dans ses missions a été bien réelle même s’il se mettait bien prudemment à couvert derrière un arrêté ou une lettre du Comité de Salut public. Il faut cependant aussi rappeler que Lebon s’est investi dans l’acquisition de subsistances pour les soldats républicains luttant contre les troupes des coalisés et pour la population locale. Il a tenté d’extirper la mendicité en soulageant la misère et la pauvreté. Le dire, ce n’est évidemment pas excuser ou atténuer sa responsabilité dans les excès de la Terreur mais c’est comprendre la complexité de l’époque et des missions de Lebon. C’est d’ailleurs vers janvier 1794 que Lebon, estimant y être encouragé, s’engage pleinement et sans retour possible désormais dans la Terreur en s’appuyant sur le tribunal révolutionnaire d’Arras dont l’action sera prolongée par décision du Comité de Salut public en germinal et culminera en floréal-messidor par une délocalisation à Cambrai.

Quant à Robespierre, même s’il connaissait à l’évidence Lebon le considérant longtemps comme étant un représentant en mission compétent et efficace, il n’en a jamais été l’ami et la politique à son égard ne diffère guère à son égard de celle des autres représentants en mission. D’ailleurs, la politique de Robespierre est-elle différente de celle de l’ensemble du Comité de Salut public, Barère, Billaud-Varenne, Collot-d’Herbois et Carnot notamment ?

Le Comité de Salut public chercha à plusieurs reprises à rappeler Lebon mais ce dernier réussit finalement à se rendre incontournable dans le Pas-de-Calais, du moins jusqu’au printemps 1794. une disgrâce s’annonçait. Les évènements de Thermidor servirent les desseins des thermidoriens.

En janvier 1795, Cambacérès alors membre du Comité de salut public écrivait au Comité de Sûreté générale : « De toutes part on demande que les Comités rendent compte à la Convention nationale du résultat de leur opinion sur Joseph Lebon. » (209)

Le 11 octobre 1795, Lebon est condamné à mort par le Tribunal criminel de la Somme « pour excès de pouvoir. » (210) Il est guillotiné à Amiens le 16 octobre 1795.

« Son image ne s’éteint pas avec son exécution, elle devint pour plus d’un siècle l’objet d’âpres combats idéologiques. » (211)

Christian Lescureux pour les Amis de Robespierre a écrit un article développé sur la personnalité et l’action de Joseph Lebon à Arras. Il concluait par ces lignes : « Ni réhabilitation, ni acharnement aveugle. Il resta beaucoup à faire pour effacer les méfaits d’une méconnaissance, voire d’une falsification de l’histoire. […] Notre projet n’est pas de réhabiliter Lebon mais, sachant à quel point son seul nom suffit encore à figer toute réflexion, nous essayons d’appeler à une meilleure connaissance de ce personnage parfois déroutant et surtout de toute une période sur laquelle pèsent encore tant de clichés et d’a priori. » (212)

Une biographie, disions nous au début de cette étude, reste à écrire.

Bruno DECRIEM (juin 2017)
NOTES :

1 : Dans : Histoire de Saint-Omer, sous la direction d’Alain Derville, Presses Universitaires de Lille, 1985, 285 P., P.161.

2 : Parmi les pamphlets de l’an III, citons :

Les secrets de Joseph Lebon et de ses complices, deuxième censure républicaine, ou lettre d’A.-B. J. Guffroy,représentant du peuple, député à la Convention par le département du Pas-de-Calais, à la Convention Nationale et à l’opinion publique, Paris, an III.

Cris des habitants de Béthune et de ses environs opprimés par J. Lebon, Duquesnoy, Représentants du peuple et par les Administrateurs, Jurés et Juges dévoués à ces complices de Robespierre, etc. Augmenté d’un supplément au travail de la Commission. An III, 163 P. Précédé de : Table des Cris des habitants de Béthune et de ses environs. (Béthune, 13 nivôse, 3e année républicaine) Et demeures des individus qui se sont fait remarquer à Béthune.

N° 740 au catalogue de la Bibliothèque de Monsieur Eugène Béghin. (Bibliothèque Municipale de Béthune.)

Les angoisses de la mort, ou idées des horreurs des prisons d’Arras, par les citoyens Poirier et Montgey, de Dunkerque, deuxième édition, revue, corrigée et augmentée du Procès-verbal du district d’Arras, concernant les mauvais traitements employés envers les détenus, Paris, Troisième année républicaine, 66 P.

3 : Dictionnaire Historique de la Révolution Française Albert Soboul, Presses Universitaires de France, 1989, 1132 P.

Biographie de Joseph Lebon par François Wartelle, P. 656.

4 : Ibid.

5 : Ainsi :

Paris (Auguste) : Histoire de Joseph Le Bon et des tribunaux révolutionnaires d’Arras et de Cambrai : la Terreur dans le Pas-de-Calais et dans le Nord, Arras, Imprimerie de la Société du Pas-de-Calais, 1879, 585 P.

Docteur Yves Dhotel : Joseph Le Bon ou Arras sous la Terreur. Essai sur la psychose révolutionnaire, Paris, Éditions Hippocrate, 1934, 202 P.

6 : Le Bon (Émile) : Joseph Lebon dans sa vie privée et dans sa carrière politique. Notice historique. Paris, E. Dentu, 1861, 375 P.

7 : Louis Jacob : Joseph le Bon 1765-1795, la Terreur à la frontière, 2 volumes, Imprimeur-Éditeur Mellottée, 1934, 357 et 392 P.

8 : François Wartelle : op. cit.

Cinquante figures du Pas-de-Calais, Archives Départementales du Pas-de-Calais, 1989, 158 P.

P. 87-90 : Un prêtre vertueux chargé de deux sinistres missions. Joseph Lebon (1765-1795).

9 : Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc. Supprimés ou omis par Courtois précédés du rapport de ce député à la Convention Nationale, Tome premier, P. 1 à 111, Genève Mégatiotis Reprints, 1978, 392 P., P. 69-70.

10 : Ibid.

11 : Ibid.

12 : Edmond Lecesne : Arras sous la Révolution, Arras, 1882, Tome II, Gérard Monfort Éditeur, 414 P.

13 : Michel Lancelin : La Révolution en Province. Saint-Omer à la veille de la Terreur, Imprimerie de l’Indépendant, 1988, 285 P.

Michel Lancelin : La Révolution en Province. La Terreur à Saint-Omer, Imprimerie de l’Indépendant, 1993, 324 P.

Chapitre III : La main-mise de Joseph Lebon sur Saint-Omer, P. 165-180.

14 : Eugène Béghin : Béthune sous la Révolution française, Béthune, 1902, 281 P.

Histoire de Béthune et de Beuvry, sous la direction d’Alain Derville, Westhock-Éditions, Éditions des Beffrois, 1985, 334 P.

P. 151-177 : L’ère des Révolutions (1789-1850).

15 : Albert Vion : Calais et son district pendant la Révolution, Office d’édition et de diffusion du livre d’histoire, 1994, 282 P.

P. 202-209 : Lebon à Calais.

16 : Lettre de Lebon au CSP, 16 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 460.

17 : Sur Darthé :

Biographie de Darthé par François Wartelle dans le dictionnaire Albert Soboul, op.. cit., P. 323.

18 : Rapport Courtois dans : Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit.

19 : Sur la « légende noire de Robespierre » :

Marc Belissa et Yannick Bosc : Robespierre, la fabrication d’un mythe, Éditions Ellipse, 2013, 557 P.

Jean-Clément Martin : Robespierre La fabrication d’un monstre, Éditions Perrin, 2016, 367 P.

Chapitre 9 : Portrait du révolutionnaire en monstre, P. 309-335.

20 : Anne Gillion : La mémoire de Robespierre à Arras, dans :

La Revue du Nord, tome LXXI, Juillet-décembre 1989, P. 1037-1050.

21 : Rapport Courtois, op. cit.

22 : Ibid.

23 : Arrêté 5 du CSP du 10 thermidor an II_28 juillet 1794 rédigé par Collot-d’Herbois :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 484.

Puis, lettre du CSP à Lebon, même date :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 486.

24 : Recueil d’Aulard, tome 15, P. 605.

25 : Sur Choudieu :

Mémoires et notes de Choudieu représentant du peuple à l’Assemblée Législative, à la Convention et aux Armées (1761-1838), Librairie Plon, 1897, 484 P.

26 : Lettre de Choudieu au CSP, 17 thermidor an II- 4 août 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 654.

27 : Ibid.

28 : Ibid.

29 : Lettre de Florent Guiot au CSP, de Boulogne-sur-Mer, 3 fructidor an II- 20 août 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 16, P. 237.

30 : Rapport Courtois, op. cit.

31 : Décret relatif à la mission de Joseph Lebon, Convention Nationale, séance du 21 messidor an II- 9 juillet 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 35-36.

32 : Sur la biographie de Joseph Lebon, voir :

François Wartelle, dans le dictionnaire Albert Soboul, op. cit.

33 : Sur Augustin Robespierre :

Biographie d’Augustin Robespierre par Claude Mazauric dans le dictionnaire Albert soboul, op. cit. , P. 913-914.

34 : Biographie de Philippe Lebas par François Wartelle dans le dictionnaire Albert Soboul, op. cit., P. 654-655.

35 : Lettres de Lebon à Lebas et Saint-Just, de Cambrai :

17 floréal-6 mai 1794

18 floréal-7 mai 1794

19 floréal-8 mai 1794

23 floréal-12 mai 1794

Lettre de Lebon à Lebas, 20 prairial-8 juin 1794, de Cambrai :

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 224-225, et :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit., tome 3, P. 248-253.

36 : Sur Charlotte Robespierre :

Biographie de Charlotte Robepsierre par Claude Mazauric dans le dictionnaire Albert Soboul, op ; cit., P. 914.

Charlotte Robespierre : Mémoires, nouveau monde éditions, 2006, 128 P.

37 : Lettre de Darthé à Lebas, de cambrai, 30 floréal an II-19 mai 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit., tome 1, P. 148-149.

38 : Plus vraisemblablement qu’en 1791 selon quelques indices du contenu de la lettre de Lebon.

39 : Lettre de Lebon à Robespierre, 3 juin :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit., tome III, P. 237-241.

40 : 1792 : Nous suivons l’analyse d’Hervé Leuwers :

Hervé Leuwers : Robespierre, Librairie Arthème Fayard/Pluriel, 2016, 456 P., P. 234-235.

41 : Lettre de Lebon à Robespierre, 28 août l’an III de la Révolution :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit., tome III, P. 255-256.

42 : Lettre de Lebon à Robespierre, d’Amiens, 15 août 1793 an II de la République française :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op ; cit., tome III, P. 254-255.

43 : Comme l’atteste l’index du tome X des Œuvres de Maximilien Robespierre consacré aux discours des 27 juillet 1793 au 27 juillet 1794, Presses Universitaires de France, 1967, 655 P.

44 : Selon François Wartelle, article cité.

45 : Ibid.

46 : Arrêté du CSP, 15 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 5, P. 556 complété par le Supplément 1er volume de Bouloiseau, P. 370. (Errata au tome V.)

47 : Arrêté du CSP, 8 brumaire-29 octobre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 90-91.

48 : Arrêté du CSP, 30 germinal-19 avril 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 680.

Nous publions dans cette étude un fac-similé de cet important arrêté, obtenu à partir de l’original : AN, AF II 22, pl.171, p.13.

49 : Lettre du CSP à Lebon, 10 floréal-29 avril 1794 :

Supplément 3e volume de Bouloiseau, P. 158.

AN, AF II 22, pl.171, p. 26.

Arrêté 2 du CSP, 22 floréal-11 mai 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 13, P. 431.

50 : Rapport Courtois, op. cit.

51 : Beugniet président, Demuliez accusateur public, Leblond juré du Tribunal révolutionnaire d’Arras et membre du comité de surveillance aux Comités de Salut public et de Sûreté générale, 3 prairial an II. Imprimerie du Rougyff., 3 pages.

52 : Pour une biographie de Guffroy :

Cinquante figures du Pas-de-Calais pendant la Révolution,op. cit.

P. 73-75 : Un « Caméléon » Guffroy. (1740-1810)

53 : Edmond Lecesne : Arras sous la Révolution, op. cit., P. 244-414.

Chapitre 9 : du 2 prairial au 21 messidor an II,

Chapitre 10 : du 21 messidor au 10 thermidor an II.

54 : Lettre de Lebon à Lebas, de cambrai, 20 prairial-8 juin 1794 :

Papiers trouvés chez Robespierre, op. cit., tome III, P. 253-254.

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 224-225.

55 : Rapport Courtois, op. cit.

56 : L’incorruptible. Bulletin du Comité local d’Arras des Amis de Robespierre pour le Bicentenaire de la Révolution (A.R.B.R.), novembre-décembre 1989 : « La terreur dans la région : entre modérantisme et excès » par Arsène Duquesne.

57 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 15 frimaire-5 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 205.

58 : Recueil d’Aulard, tome 6, P. 463, note 2.

59 : Arsène Duquesne, op. cit.

60 : Lettre de Lebon au CSP, 15 frimaire-5 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 205.

61 : Ibid.

62 : Lettre du CSP à Lebon, 23 brumaire-13 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 395-396.

63 : Lettre du CSP à Lebon, 26 brumaire-16 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 457-458.

64 : Lettre du CSP à Lebon, 1er frimaire-21 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 592-593.

65 : Lettre du CSP à Lebon, 9 nivôse-29 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 752.

66 : Lettre du CSP à Duquesnoy et Lebon, 2 pluviôse-21 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 361.

67 : Lettre du CSP à Lebon, 30 pluviôse-18 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 255.

68 : Lettre du CSP à Lebon, 1er ventôse-19 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 271.

69 : Arrêté 5 du CSP, 11 ventôse-1er mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 474.

70 : Lettre du CSP à Lebon, 27 ventôse-17 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 21.

71 : Arrêtés des 30 germinal-19 avril 1794, 10 floréal-29 avril 1794, 22 floréal-11 mai 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 680.

Supplément Bouloiseau, 3e volume, P. 131.

Recueil d’Aulard, tome 13, P. 431.

72 : Lettre de Lebon à Lebas et Saint-Just, de Cambrai, 17 floréal-6 mai 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit. Tome III, P. 251-252.

73 : Barère, au nom du CSP. Décret relatif à la mission de Joseph Lebon, 21 messidor-9 juillet 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 35-36.

74 : François Wartelle, op. cit.

75 : Ibid.

76 : Rapport Courtois, op. cit.

77 : Sur les représentants en mission :

Michel Biard : Missionnaires de la République, Éditions Vendémiaire, 2015, 474 P.

78 : Sur les missions de Joseph Lebon, voir les annexes de l’ouvrage :

Michel Biard, Missionnaires de la République, Éditions du CTHS, 2002, 623 P.

79 : Sur André Dumont et ses missions :

Biographie d’André Dumont par Serge Bianchi dans le dictionnaire Albert Soboul, op. cit. P. 377-378.

Robert Legrand : Contre André Dumont : dénonciations et polémiques, dans : La Revue du Nord, tome LXXI, juillet-décembre 1989, Université de Lille III, P. 867-884.

80 : Biographie de François Chabot par Claudine Wolikow dans le dictionnaire Albert Soboul, op. cit. P. 199-200.

81 : Arrêté des CSP et de CSG réunis, 24 juillet 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 5, P. 351.

82 : Décret de la Convention du 9 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 5, P. 514-515.

83 : Notamment par l’arrêté du CSP rédigé par Robespierre le 15 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 5, P. 556.

Lettre du CSP à Dumont et Lebon, 30 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 6, P. 188.

84 : Lettre de Dumont et Lebon à la Convention, d’Amiens, 19 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 6, P. 30-31.

85 : Lettre de Lebon à la Convention, d’Abbeville, 22 août 1793 :

Supplément Bouloiseau, 2e volume, P. 62-63.

86 : Ibid.

87 : François Wartelle, article cité, op. cit.

88 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 19 brumaire-9 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 309-311.

Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 23 brumaire-13 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 397.

89 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 27 pluviôse-15 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 168-169.

90 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 ventôse-21 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 316.

91 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 22 ventôse-12 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 663.

92 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 22 ventôse-12 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 664.

93 : Lettre de Lebon à Saint-Just et Lebas, 18 floréal-7 mai 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit., tome III, P. 248-250.

94 : Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 6 messidor-24 juin 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 501.

95 : Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 4 prairial-23 mai 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 13, P. 701.

96 : Lettre de Florent Guiot au CSP, d’Amiens, 7 pluviôse an III-26 janvier 1795 :

Supplément Bouloiseau 3e volume, P. 562-563.

97 : Sur la conjuration des Égaux et Babeuf :

Biographie de Gracchus Babeuf par François Wartelle dans le dictionnaire Albert Soboul, op ; cit., P. 63-66.

Babeuf, Textes choisis. Introduction et notes de Claude Mazauric, Éditions Sociales, les classiques du peuple, 1976, 275 P.

Buonarroti, La conspiration pour l’égalité dite de Babeuf, préface par Georges Lefebvre, Éditions sociales, les classiques du peuple, 1969, 2 volumes, 237 et 253 P.

98 : François Wartelle, article cité, op. cit.

99 : Sur la déchristianisation en 1793-1794 et le rôle joué par les représentants ne mission :

Michel Vovelle : La Révolution contre l’Église De la Raison à l’Être Suprême, Éditions Complexe, 1988, 311 P.

100 : Lettre de Dumont au CSP, d’Abbeville, 3 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 5, P. 463.

101 : Laurent Petit : Robespierre et le discours sur l’étranger : buts et limites d’une modélisation des nationalités dans :

Jean-Pierre Jessenne, Gilles Deregnaucourt, Jean-Pierre Hirsch, Hervé Leuwers : Robespierre De la Nation artésienne à la République et aux Nations, Centre d’Histoire de la Région du Nord et de l’Europe du Nord-ouest, Collection « Histoire et Littérature régionales », 1994, 458 P., P. 315-336.

102 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 22 brumaire-12 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 363-364.

103 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 25 brumaire-15 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 441.

104 : Voir notamment :

Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 ventôse-21 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 316.

Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 4 prairial-23 mai 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 13, P. 701.

Lettre du CSP à Lebon, 10 pluviôse-29 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 510.

105 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 22 ventôse-12 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 663.

106 : Jean-Pierre Jessenne : Pouvoir au village et Révolution Artois 1760-1848, Presses Universitaires de Lille, 1987, 308 P.

Michel Lancelin : La Révolution en province. La Terreur à Saint-Omer, Imprimerie de l’Indépendant, 1993, 324 P.

chapitre III : La main-mise de Joseph Lebon sur Saint-Omer, P. 165-180.

107 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 12 frimaire-2 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 102-103.

108 : Lettre de Lebon au CSP, de Béthune, 3 nivôse-23 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 605-606.

109 : Ibid.

110 : Ibid.

111 : Lettre de Darthé à Lebas, 29 ventôse-19 mars 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op ; cit., tome 1, P. 149-152.

112 : Lettre de Darthé à Herman, d’Arras, 29 germinal-18 avril 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op ; cit., tome 1, P. 145-147.

113 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 ventôse-21 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 316-317.

114 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 ventôse-21 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 317.

115 : Lettre de Lebon au CSP, de Saint-Omer, 27 frimaire-17 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 469-471.

116 : Lettre de Dumont et Lebon à la Convention, d’Amiens, 19 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 6, P. 30-31.

117 : Lettre de Lebon au CSP, d’Hesdin, 29 brumaire-19 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 560-561.

118 : Lettre de Lebon au CSP, de Saint-Omer, 19 frimaire-9 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 287-288.

119 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 7 pluviôse-26 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 468-469.

120 : Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 2 messidor-20 juin 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 418.

121 : Ibid.

122 : Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 4 prairial-23 mai 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 13, P. 701.

123 : Lettre du CSP à Lebon, 19 prairial-7 juin 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 201.

124 : Décret de la Convention du 4 septembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 6, P. 273.

125 : Décret de la Convention du 8 octobre 1793 :

recueil d’Aulard, tome 7, P. 303.

Décret de la Convention du 9 octobre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 7, P. 324.

126 : Biographie d’Ernest Duquesnoy par Sylvain Goujon dans le dictionnaire Albert Soboul, op. cit., P. 383-384.

127 : Lettre de Lebon et post-scriptum de Duquesnoy au CSP, d’Arras, 17 nivôse-6 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 89-90.

128 : Lettre de Lebon au CSP, de Saint-Omer, 22 frimaire-12 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 355-356.

129 : Arrêté du 9 nivôse an II-29 décembre 1793 de la main de Billaud-Varenne :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 744.

130 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 24 nivôse-13 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 234.

131 : Lettre de Lebon au CSP, de Saint-Omer, 18 frimaire-8 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 262-263.

132 : Lettre de Lebon à Florent Guiot, d’Arras, 29 pluviôse-17 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 230-232.

133 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 29 pluviôse-17 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 230-232.

134 : Ibid.

135 : Lettre de Florent Guiot au Comité de Sûreté générale, d’Amiens, 16 pluviôse an III- 4 février 1795 :

Supplément Bouloiseau, 3e volume, P. 586-587.

136 : Lettre de Darthé à Lebas, de Cambrai, 30 floréal-19 mai 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit., P. 148-149.

137 : François Wartelle, op. cit.

138 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 19 brumaire-9 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 309-311.

139 : Ibid.

140 : Lettre de Lebon au CSP, de Saint-Omer, 26 brumaire-16 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 460.

141 : Lettre du CSP à Lebon, 1er frimaire-21 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 592-593.

142 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 12 frimaire-2 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 102-103.

143 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 22 ventôse-12 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 663-664.

144 : Lettre de Lebon au CSP, de Bapaume, 19 pluviôse-7 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 757-758.

145 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 ventôse-21 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 317.

146 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 29 ventôse-19 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 61.

147 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 16 ventôse-6 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 570.

148 : Ibid.

149 : Ibid.

150 : lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 22 ventôse-12 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 663.

151 : Lettre du CSP à Lebon signée par Collot-d’Herbois et Billaud-Varenne, 2 germinal-22 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 108 et Supplément Bouloiseau, 3e volume, P. 68. ( Brouillon)

152 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 4 germinal-24 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 157.

153 : Sur cette accélération de la justice révolutionnaire en floréal- prairial, voir :

Françoise Brunel : Thermidor La chute de Robespierre, Éditions Complexe, 1989, 155 P.

154 : Lettre de Lebon au CSP, de Bapaume, 19 pluviôse-13 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 758.

155 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 22 ventôse-12 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 663.

156 : Arrêté 1 du CSP rédigé par Carnot et signé en outre par Barère et Billaud-Varenne, 10 pluviôse-29 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome10, P. 505.

157 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 7 pluviôse-26 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 470.

158 : Lettre de Lebon au CSP, de Bapaume, 19 pluviôse-7 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 757.

159 : Sur la guillotine et son symbole :

Daniel Arasse : La guillotine et l’imaginaire de la terreur, Éditions Champs Flammarion, 1987, 213 P.

160 : Lettre de Lebon à la Convention, d’Arras, 29 août 1793 :

Supplément Bouloiseau, 2e volume, P. 69-70.

161 : Lettre de Lebon au CSP, de Saint-Pol, 26 août 1793 :

Supplément bouloiseau, 2e volume, P. 65.

162 : Ibid.

163 : Lettre de Collombel à la Convention et au CSP, 27 août 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 6, P. 132-133.

164 : Lettre de Lebon à la Convention, d’Arras, 29 août 1793 :

Supplément Bouloiseau, 2e volume, P. 69-70.

165 : Arrêté du CSP, 15 septembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 6, P. 487-488.

166 : Décret de la convention du 8 octobre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 7, P. 303.

167 : Décret de la Convention du 9 octobre 1793,

Recueil d’Aulard, tome 7, P. 324.

168 : Arrêté du CSP du 8 brumaire-29 octobre 1793 rédigé par Robespierre et signé par Robespierre et Barère :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 90-91.

169 : Lettre du CSP à Lebon, 26 brumaire-16 novembre 1793 signée de Barère, Carnot et Billaud-Varenne :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 457-458.

170 : Lettre de Lebon au CSP, d’Hesdin, 29 brumaire-19 novembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 8, P. 560-561.

171 : Lettre de Lebon au CSP, de Calais, 15 frimaire-5 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 205.

172 : Lettre de Lebon et Duquesnoy au CSP, de Béthune, 10 nivôse-30 décembre 1793 :

Recueil d’Aulard, tome 9, P. 764.

173 : Lettre de Lebon et de Duquesnoy au CSP, d’Arras, 17 nivôse-6 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 89-90.

174 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 25 nivôse-14 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 249.

175 : Lettre du CSP à Duquesnoy et Lebon, 2 pluviôse-21 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 361.

176 : Copie d’une lettre de Turlure à Darthé, de Saint-Omer, 3 pluviôse-22 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 468-469.

177 : Particulièrement Yves Dhotel : Joseph Le Bon ou Arras sous la Terreur. Essai sur la psychose révolutionnaire, op. cit.

178 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 25 pluviôse-13 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 123.

179 : Rapport Courtois, op. cit.

180 : Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro : Histoire et dictionnaire de la Révolution Française 1789-1799, Éditions Robert Laffont « Bouquins », 1987, 1213 P., P. 937.

181 : Lettre du CSP à Lebon, signée par Collot-d’Herbois et Saint-Just, 30 pluviôse-18 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 255.

182 : Lettre du CSP à Lebon, 1er ventôse-19 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 271.

183 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 ventôse-21 février 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 316.

184 : Arrêté 5 du CSP à Lebon signé par Barère, Collot-d’Herbois et Carnot, 11 ventôse-1er mars 1794.

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 474.

185 : Lettre du CSP à Lebon, 12 ventôse-2 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 498-499.

186 : Lettre de Lebon au CSP, 22 ventôse-12 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 664.

187 : Sur la langue sans-culotte du Père Duchesne :

Michel Biard : Parlez-vous le sans-culotte. Dictionnaire du père Duchesne (1790-1794), Poche-Points Tallandier, 2011, 665 P.

188 : Lettre de Darthé à Lebas, d’Arras, 29 ventôse-19 mars 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op. cit., tome 1, P. 149-152.

189 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 24 ventôse-14 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 11, P. 669.

Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 29 ventôse-19 mars 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 61.

190 : Lettre de Lebon au CSP, 19 germinal-8 avril 1794 :

Supplément Bouloiseau, 3e volume, P. 98.

191 : Lettre de Darthé à Herman, d’Arras, 29 germinal-18 avril 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op ; cit., tome 1, P. 145-147.

192 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 floréal-22 avril 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 765.

193 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 9 floréal-28 avril 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 13, P. 118.

194 : Lettre de Lebon à Lebas et Saint-Just, de Cambrai, 17 floréal-6 mai 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op ; cit., tome 3, P. 251-252.

195 : Lettre de Lebon à Saint-Just et Lebas, de Cambrai, 18 floréal-7 mai 1794 :

Papiers inédits trouvés chez Robespierre, op ; cit., tome 3, P. 248-250.

196 : Lettre de Lebon à Saint-Just et Lebas, 23 floréal-12 mai 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 13, P. 465.

197 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 3 floréal-22 avril 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 12, P. 765.

198 : Lettre de Lebon à Lebas, de Cambrai, 20 prairial-8 juin 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 224-225.

199 : Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 2 messidor-20 juin 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 417.

Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 2 messidor-20 juin 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 417.

200 : Lettre du CSP à Lebon signée par Collot-d’Herbois et Billaud-Varenne, sans date.

Recueil d’Aulard, tome 14, P. 417-418.

201 : Lettre de Lebon au CSP, de Cambrai, 25 messidor-13 juillet 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 143-144.

202 : Ibid.

203 : Arrêté 4 du CSP signé de Barère, C.- A. Prieur, Billaud-Varenne, Carnot et Saint-Just, du 22 messidor-10 juillet 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 50.

204 : Chiffres confirmés par François Wartelle : « Près de 550 condamnations auxquelles s’ajoutent une centaine de suspects morts en détention. » Article de François Wartelle, op. cit.

205 : Lettre de Lebon au CSP, d’Arras, 7 pluviôse-26 janvier 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 10, P. 468-469.

206 : Bronislaw Baczko : Comment sortir de la Terreur. Thermidor et la révolution, Éditions Gallimard, 1989, 353 P.

207 : Lettre de Choudieu au CSP, de Marquette, 17 thermidor-4 août 1794 :

Recueil d’Aulard, tome 15, P. 653-654.

208 : Ibid.

209 : Lettre du CSP rédigée par Cambacérès au Comité de Sûreté générale, 17 nivôse an III- 6 janvier 1795 :

Supplément bouloiseau, 3e volume, P. 553.

210 : François Wartelle, article cité, op ; cit.

211 : Ibid.

212 : L’incorruptible. Bulletin des amis de Robespierre (A.R.B.R.) numéros 51, 52, 53 et 54 ; ( mars, juin, octobre 2005, janvier 2006).

Christian Lescureux : accusé des pires excès commis à Arras sous la Terreur : Qui était réellement Joseph Lebon ?