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La Commune de Paris de 1871 et la Révolution française

Un article de Denis Orjol, membre de l’ARBR, et Ami de la Commune de Paris

jeudi 22 avril 2021

Les convergences d’analyse de la Révolution l’emportent largement sur les divergences. Les périodes de l’Ancien Régime, de la monarchie constitutionnelle et du Directoire sont unanimement haïes.

Celle de 1792-1793 est unanimement célébrée, non sans débat. 1789, si elle est une période d’abattement de l’Ancien Régime, elle est aussi celle de l’émergence de la bourgeoisie.

Quelques portraits de Communard(es)

La Commune de Paris de 1871 et la Révolution française

De qui les communards se sentent-ils les héritiers : montagnards, jacobins, hébertistes, babouvistes ?

Toutes les tendances politiques qui composent la Commune (Majoritaires et minoritaires, et au-delà, jacobins, blanquistes, néo-babouvistes, internationalistes) citent et commentent abondamment cette période.

Leurs références sont avant tout politiques, les seuls qui s’aventurent sur le terrain de l’analyse économique étant les militants socialistes, en premier lieu Benoît Malon.

Cependant quelques Communards entendent se distinguer de l’héritage révolutionnaire de 1789/93.

Les convergences d’analyse de la Révolution l’emportent largement sur les divergences. Les périodes de l’Ancien Régime, de la monarchie constitutionnelle et du Directoire sont unanimement haïes.

Celle de 1792-1793 est unanimement célébrée, non sans débat. 1789, si elle est une période d’abattement de l’Ancien Régime, elle est aussi celle de l’émergence de la bourgeoisie.

Tous les hommes de 1871 s’accordent à dire que la Révolution fut incomplète et inachevée, en ne libérant pas le « quatrième état », le prolétariat.

Le sens de leur combat est donc de la terminer en instaurant une République démocratique et sociale.

Les titres de presse sont symboliques de cette référence à la Grande Révolution.

  • « Le Bonnet Rouge « d’Hippolyte Baubeau de Secondigné
  • « La Montagne » de Gustave Maroteau
  • « Le Salut public » du même Maroteau
  • « L’Ami du peuple » de Vermorel
  • « Le Tribun du Peuple » de Lissagaray en référence au journal de Babeuf … Ce journal paraîtra du 17 au 24 mai 1871

Si le courant « Jacobin » forme un groupe influent avec Delescluze, Gambon, Miot, Pyat (essentiellement des hommes de 1848) … on trouve aussi des « Blanquistes » avec Gustave Tridon, Arthur Ranc, et des « Internationalistes » pour qui il est nécessaire de se démarquer des idées du passé.

Arthur Ranc réédita à la veille de la Commune « Gracchus Babeuf et la conjuration des Egaux », l’ouvrage de Filippo Buonarotti qui influença dans sa jeunesse Auguste Blanqui.
Il est à noter que les programmes politiques de Blanqui et de Babeuf présentent de grandes convergences.

Deux portraits d’héritiers de Gracchus Babeuf :

PILLOT Jean-Jacques dit Docteur PILLOT - Communard

Né le 9 août 1808 à Vaux-la-Valette (Charente) , il meurt à la Maison centrale de Melun le 13 juin 1877.A partir de 1838, il devient un propagandiste du communisme néo-babouviste, comme en témoigne La Tribune du peuple, recueil philosophique et historique à caractère matérialiste, anticlérical et révolutionnaire, dont il dirige la rédaction.Dans le débat sur le communisme qui s’amorce en 1840, il publie en mai Ni châteaux ni chaumières, ou État de la question sociale en 1840 et en août une Histoire des Égaux. Il prépare avec Th. Dezamy, un banquet communiste s’opposant aux banquets réformistes de l’été 1840.
1 200 personnes dont 800 « communistes » participent à ce banquet : , « Des hommes des sociétés secrètes », « Des sectionnaires » néo-babouvistes, comme le note le préfet de police. Candidat malheureux à l’Assemblée nationale en 1848, il est condamné à la déportation après le coup d’État de décembre 1851.
Il réapparaît sur la scène politique après la proclamation de la République, le 4 septembre 1870.
Le 31 octobre, il est désigné par Blanqui pour prendre possession de la mairie du 1er arr.
Le 6 janvier 1871, il signe l’Affiche rouge qui dénonce la trahison du gouvernement du 4 septembre et qui proclame : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Il prend part au 18 mars. Il est élu membre de la Commune à l’élection complémentaire du 16 avril dans le 1er arr. par 1 748 voix sur 3 271 votants (le 26 mars, il avait obtenu 3 309 voix sur 11 056 votants). Délégué à la mairie de son arrondissement, il vote pour le Comité de salut public.

Le 23 mai 1871, il quitte la mairie du Ier arr., se réfugie à La Varenne-Saint-Hilaire. Arrêté le 29 octobre, le 5e conseil de guerre le condamne, le 22 mai 1872, aux travaux forcés à perpétuité, transformés en réclusion perpétuelle avec dégradation civique « en raison de son grand âge », peine ensuite réduite, le 19 juin 1875, à dix ans de réclusion. Il meurt, malgré ses trois recours en grâce, en prison le 13 juin 1877.

PERRET Jean-Marie – Militant néo-babouviste lyonnais.

Il nait en 1811 à Tartara (Loire). En 1827 il s’installe à Lyon, à la Guillotière.

Il prend part à l’insurrection d’avril 1834. Avec Joseph Benoît et Maurin, il monte un atelier de tissage à Caluire (Rhône). Il découvre dans l’ouvrage de Buonarroti, Conspiration pour l’Égalité, le communisme babouviste et fonde avec ses amis la Société des Fleurs qui fait à Lyon de la propagande pour le néo-babouvisme, entre 1835 et 1838, avant de devenir la Société des Égaux affiliée sur le plan national à la Société des Familles. Il s’occupe activement des problèmes politiques et sociaux qui agitent le prolétariat lyonnais et, en 1848, est élu conseiller municipal de la Guillotière.
Après le coup d’État du 2 décembre, il tombe le 6 décembre dans une souricière tendue par la police. On trouve sur lui des armes et des munitions, et une perquisition à son domicile permet de découvrir toute une littérature subversive. Le 19 décembre 1851, le 1er conseil de guerre de Lyon le condamne à deux ans de prison et 1 000 f d’amende. Le 27 décembre 1851, il est envoyé à Belle-Île où il demeure jusqu’en 1854.
En 1858, il est à nouveau incarcéré. Après deux mois de détention préventive, il est relâché et s’enfuit en Suisse.

Le 4 septembre 1870, dès 8 heures du matin, la foule se rassemble sans vrai mot d’ordre sur le parvis de l’hôtel de ville de Lyon. Sans rencontrer de résistance, elle s’empare du pouvoir sous la direction de quelques républicains qui sans attendre proclament la déchéance de l’Empire et l’instauration de la République.
Des membres de l’A.I.T. participent à l’insurrection, et le drapeau rouge est mis à la place du drapeau tricolore.Immédiatement, un Comité de Salut Public composé de républicains et de quelques militants de l’Internationale s’organise. Ce groupe de 67 personnes est élu par acclamation sur les balcons de l’hôtel de ville.
Perret en est nommé Président. La majorité des membres du comité sont issus de milieux populaires, une dizaine appartenant à l’A.I.T.

Le 26 septembre au soir, Bakounine appelle à l’insurrection contre la municipalité élue le 16. Le 28 septembre, 8 000 ouvriers se réunissent place des Terreaux. Une centaine de personnes envahit la mairie. Mais c’est un fiasco. Les ouvriers sont sans armes face à la troupe et la garde nationale qui rétablissent l’ordre.
La première Commune de Lyon n’aura duré qu’une journée.

Denis ORJOL , Membre de l’ARBR , Animateur du Comité local des Amis de la Commune de Paris du Trévor

Voir en ligne : Site du Comité Local des Amis de la Commune de Paris du Trégor